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Article : [182] - Le thème de la guerre


mercredi 21 juillet 2004

Par Servane Peran

Cette vaste synthèse recense de nombreuses sources écrites liées au thème de la guerre. On y trouve également des pistes de séquences pour des Secondes ou des Premières.
D’autres synthèses plus spécifiques sont en ligne.
Synthèse n°89 : Images de la guerre
Synthèse n°186 Guerre d’Espagne
Synthèse n°180 Première guerre mondiale
Synthèse n°240 Romans sur la 2e guerre mondiale

Synthèse mise en ligne par Corinne Durand Degranges
Complétée le 25/02/06

Références de textes

  AGRIPA D’AUBIGNE, Les tragiques
Un poème intéressant que l’on retrouve souvent dans les manuels (Hatier par ex.)
  ANTELME R., L’espèce humaine (sur la 2e guerre mondiale)
  ARAGON, Diane Française
  ARAGON, Le Roman inachevé.
  BALZAC, Le Colonel Chabert
  BARBARANT O., des extraits de Douze lettres d’amour au soldat inconnu ( 1993).
  BARBUSSE H., Le Feu ; Journal d’une escouade (1916).
  Collectif, Les écrivains et la grande guerre, collection « Ã‰tonnants Classiques » (Garnier-Flammarion).
  BARRES M., Colette Baudoche (roman)
Guerre et nationalisme.
  BATAILLE G., La part maudite
Sur le rôle de la guerre dans la régularisation de l’économie (mais ce n’est pas pour des Secondes).
  BERNANOS G., Les Grands cimetières sous la lune (1938).
  BOUTOUL G., La guerre Que sais je ?
L’auteur est spécialiste de « polémologie ». Il cite une phrase du maréchal de Saxe : « Pour faire la guerre, il faut trois choses : premièrement de l’argent ; deuxièmement : de l’argent ; troisièmement : de l’argent ».
  BRECHT
  CAMUS, article sur « Hiroshima » dans le journal Combat 6 août 1945.
  CELINE, Voyage au bout de la nuit
Au choix parmi les tous premiers chapitres.
La fin du 3e chapitre (Pléiade p. 29).
L’épisode du Tir des Nations à la fin du roman.
  CENDRARS B., La Main coupée (1946) Folio.
  Chanson de Roland
La guerre épique.
  CHATEAUBRIAND, Mémoires d’Outre Tombe, livre 2, ch. 1§ (posthume)
  CLAUSEWITZ, De la guerre
Guerre et politique.
Une des figures les plus marquantes de son siècle qui écrivait « la guerre est un acte de violence poussé à ses limites extrêmes...engager un combat à chances égales est une ineptie dangereuse...la tendance à la destruction de l’ennemi est inhérente à l’idée de guerre : victoire est synonyme d’anéantissement ».
  COBB, Les sentiers de la gloire.
  Collectif, Au nom de la liberté : paroles de la Résistance, collection « Ã‰tonnants Classiques » (Garnier-Flammarion).
  Collectif, Les lettres de Poilus (poche)
Pour les écrits autobiographiques
  COLLINS, Fortitude
  DAMILLAVILLE, article « Paix ».
  DONGALA E., Johnny chien méchant. Le roman se déroule au Congo.
  DORGELÈS R., Les Croix de bois, prix Goncourt 1919, Livre de Poche, Hachette.
Chapitre IX, sur l’exécution de deux soldats pour l’exemple ; et la fin du chapitre XI sur le retour du front.
  DOS PASSOS J., L’initiation d’un homme (1917) Folio.
  L’Encyclopédie, articles « guerre » et « paix ».
  ERASME, Institution du Prince Chrétien (1516).
  ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d’un Conscrit de 1813
  FERNEY Alice, Dans la guerre (sur la première guerre mondiale).
  FERRAT, « Nuit et brouillard »
  Max FRISCH
  GENEVOIX M., « Ceux de 14 », dans 1916 à 1923, Seuil, Points.
  GIRAUDOUX J., La guerre de Troie n’aura pas lieu
Guerre et ruse du destin.
  GIRAUDOUX J., Amphytrion 38
  GIONO J., Le Grand troupeau (1931).
Son pacifisme vaudra à Giono d’être emprisonné, en 1939, puis en 1944.
  GIONO J., Ecrits pacifistes (1938).
  GRACQ, Un balcon en forêt (il s’agit surtout de l’attente sur la ligne Maginot).
  HANOTTE X., Derrière la colline (Pocket).
Sur la guerre 14/18
  HEMINGWAY E., Pour qui sonne le glas (1940) ; L’adieu aux armes (1948).
  HUGO V., « Depuis six mille ans la guerre... »
  HUGO V., « Bêtise de la guerre »
  HUGO V., « L’expiation ».
  HUGO V., Après la Bataille
  HUGO V., « Soldats de l’an deux » dans Les châtiments.
Guerre patriotique.
  HUGO V., Quatre-vingt-treize.
Guerre et malheur des peuples
  JÃœNGER E., Orages d’acier (1920) Folio.
  KANT, Projet de paix perpétuelle
  KESSEL J., L’équipage (1924) ; Une balle perdue ; Le bataillon du ciel ; L’armée des ombres
  KRISTOF A.
  LA BRUYERE, « Du Souverain ou de la République » dans les Caractères.
Voir à ce sujet, le site Magister
Voir une explication sur cette page
  LA BRUYERE, Caractères ch XII, « Des jugements »
Dérision de l’art militaire.
  LA BRUYERE, « Contre la guerre ».
  LA FONTAINE, « La ligue des rats ».
  LEVI P. Le Devoir de mémoire
  MACHIAVEL, Le Prince
Guerre et art de gouverner : « toute guerre est juste dès qu’elle est nécessaire ».
  MAILER N., Les nus et les morts
  MALRAUX A., L’Espoir (1937).
Combat d’un peuple.
  MALRAUX A., Le temps du mépris
  MAO TSE TOUNG, « le pouvoir politique est au bout du fusil »
  MARTIN DU GARD R., « L’été 1914 », dans sa saga Les Thibault.
  MARX K., Manifeste
  MAUPASSANT, Boule de suif
Le début devrait vous donner quelques passages croustillants sur l’occupation, les réactions de la population, etc.
  MAUPASSANT, Mademoiselle Fifi.
  MAUPASSANT, Sur l’eau.
  MERLE, Week-end à Zuydcoote.
  MICHAELS Anne, La Mémoire en fuite (sur la 2e guerre mondiale)
  MONTAIGNE Essai III, 13 : « Il n’est occupation plaisante comme la militaire »
La guerre et les valeurs aristocratiques.
  MOPURGO, Cheval de guerre.
  Mythologies des peuples germaniques : le Walhalla et Odin, le dieu des Batailles.
  Mythologies grecques : Zeus combattant les Titans, Mars qui s’honore du titre de « Tueur d’hommes ».
  PREVERT, « Barbara »
  PEGUY , « Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre »
Guerre et patriotisme.
  PROUDHON, La guerre et la paix
  RABELAIS, Gargantua ch. XLVI : discours de Grandgousier à Touquedillon
Guerre et évangile.
  RABELAIS, Gargantua « Les guerres picrocholines »
  RACZYMOW Henri, Un Cri sans voix (sur la 2e guerre mondiale)
  REMARQUE, A l’Ouest rien de nouveau (1929)
  RIMBAUD, « Le Mal » ; « Le dormeur du val »
  ROUAUD J., Les Champs d’honneur (1990).
  SAINT-EXUPERY, Pilote de guerre
Guerre et solidarité.
  SIMON C., La route des Flandres
  STENDHAL, La Chartreuse de Parme, chapitre 3.
Rêve épique.
  TOLSTOÃ, (Guerre et Paix)
A comparer sur l’épisode de Waterloo.
  VERCEL, Capitaine Conan
Le passage du chap. XIII où l’ami et défenseur de Conan essaie de lui expliquer qu’il est coupable d’avoir massacré un civil bulgare.
  VIAN B., « Lettre à Paul Faber » ; « Le déserteur »
  VIAN B., L’écume des jours
Avec la fabrique de fusils
  VIAN B., « Les frères » dans le recueil Je voudrais pas crever, ou « La java des bombes atomiques ».
  VOLTAIRE, « Article Guerre » dans Dictionnaire philosophique
Guerre, caprice des princes.
  VOLTAIRE, Candide, chapitre 3.
  VOLTAIRE, Micromegas
  WILKOMIRSKI Benjamin, Fragments (sur la 2e guerre mondiale)
  ZOLA, La Débâcle, 2e partie, ch 7.
Guerre et défaite.
  ZOLA, La Bête Humaine
La dernière page du roman.

Spécial « Lecture Jeunes » :
  AMILA J., Le Boucher des Hurlus (1982).
Un orphelin de la guerre 14-18 cherche à « venger » la mort de son père à Verdun.
  ANDERSEN, La Petite marchande d’allumettes ( Nathan).
  ARNOTHY C., J’ai quinze ans et je ne veux pas mourir ( 1964).
Le siège de Budapest.
  CALVINO I., Le Corbeau vient le dernier, Juilliard, 1981.
  CASTILLO M. del, Tanguy (1978).
  FERDI S., Un enfant dans la guerre, Seuil, Point-Virgule, 1981.
Un enfant pris dans la guerre d’Algérie.
  JOFFO J., Un sac de billes
  JONQUET T., Un enfant dans la guerre (1990) Folio Junior.
Guerre Iran-Irak.
  MOSCOVICI J.C., Voyage à Pitchipoï, École des Loisirs Medium (1995).
Deux enfants s’évadent du camp de Drancy pour échapper à Auschwitz.
  NOZIÈRE J.P., Un été algérien, Gallimard, collection "Page Blanche", 1990.

Références picturales

  Douanier Rousseau, L’Allégorie de la guerre.

Revues générales

  Esprit (avec liste des thèmes)
  La Revue des deux mondes
  Le Débat chez Gallimard

Revue de culture contemporaine
  Les temps modernes (Gallimard)

Groupements et séquences envisageables :

Première proposition : un corpus

  ARAGON, La Diane française, « Celui qui chanta dans les supplices »
  Un article, paru dans Libération
  TAYLOR C.K., Inconnu à cette adresse
  RENELLE Victor, lettres de prison (extraits)
Voir une approche critique d’Inconnu à cette adresse par Bernard Busser, inspecteur pédagogique régional de Lettres (avril 2001)
  ROOSEVELT Franklin D., « Discours prononcé le 8 décembre 1941 » par le président américain au Congrès des Etats-Unis.
  Documents iconographiques : affiche allemande, photos et dessins (Hitler)

Un devoir
  Le Président X invite à rechercher une situation pacifique à un conflit Y. Il s’adresse, comme Roosevelt, à la nation...

Deuxième proposition : un devoir

Corpus
  BALZAC, Le Colonel Chabert
Le Colonel Chabert a été tenu pour mort à la bataille d’Eylau. On peut lire le récit qu’il en fait après coup à Maître Derville :
« Monsieur, dit le défunt, peut-être savez-vous que je commandais un régiment de cavalerie à Eylau.[...]. Enfin je vis le jour (...) Je me haussais en faisant de mes pieds un ressort dont le point d’appui était sur les défunts qui avaient les reins solides. Vous sentez que ce n’était pas le moment de leur dire : Respect au courage malheureux ! »
  VOLTAIRE, Candide (chapitre 3)
  ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d’un Conscrit de 1813
« Ceux qui n’ont pas vu la gloire de l’Empereur Napoléon dans les années 1810, 1811 et 1812 ne sauront jamais à quel degré de puissance peut monter un homme [...] Mais il hochait la tête et disait : « Ceux que tu n’as pas vus revenir sont morts, comme des centaines et des centaines de mille autres mourront, si le Bon Dieu n’a pas pitié de nous, car l’Empereur n’aime que la guerre. Il a déjà versé plus de sang pour donner des couronnes à ses frères, que notre grande Révolution pour gagner les Droits de l’Homme. »
  HUGO V., « L’expiation ».
« Il neigeait. On était vaincu par sa conquête. [...]
Les hauts tambours-majors aux panaches énormes,
Où l’on entrevoyait des blessures difformes !
  HUGO V., Après la Bataille
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Donne-lui tout de même à boire, dit mon père.

I. Questions sur 10 points
1. Représenter la guerre : l’envers du décor
Plusieurs de ces textes ont en commun de vous présenter à la fois le « décor » et « l’envers du décor » de la guerre. Lesquels ? Rédigez à partir d’eux, en les citant, deux paragraphes qui préciseront ces deux aspects, tantôt glorieux et tantôt odieux de la guerre.
2. Le comique
Définir la nature du comique dans le texte 1 et dans le texte 2.
Quelle est sa fonction dans l’extrait de texte Le colonel Chabert ? Quelle est sa fonction dans l’extrait de texte Candide ?

II. Dissertation sur 10 points
Quel peut-être l’intérêt de traiter de sujets graves sur le mode comique ? Vous appuierez votre réponse sur le corpus, et sur des exemples empruntés à d’autres formes d’expression (dessins, cinéma, etc.)

Troisième proposition : un devoir pour une Première générale

Documents :

  La FONTAINE, « Les vautours et les pigeons » Fables VII, 8 (1678)
  SWIFT, Les Voyages de Gulliver Livre II, extrait du chapitre 7 (1725) (extrait dans le Delagrave de Première, page 236)
  VOLTAIRE, Candide (début du chapitre 3) (1759)
  GOYA, Los Desastres de la Guerra (série de 80 gravures imprimées en 1863). Gravure n°39 : « Grand fait d’armes ! Avec des morts ! » (dessin dans le Delagrave, page 238)

Question (4 points)
  Par quels procédés ces quatre documents dénoncent-ils la guerre ?

Écriture (16 points)

Sujet I Commentaire
  Vous ferez le commentaire de la fable de La Fontaine.
Sujet II Dissertation
  En quoi l’apologue (fable, conte, etc.) vous paraît-il un mode privilégié de dénonciation des travers humain ?
Vous répondrez à cette question dans un devoir argumenté et organisé, que vous illustrerez d’exemples empruntés à ce corpus, aux textes que vous avez étudiés en classe et à vos lectures personnelles.
Sujet III Invention
  Transcrivez la conversation entre Gulliver et le roi, évoquée lignes 38 à 48, sous forme d’un dialogue. Vous devrez imaginer ce que Gulliver a pu répondre aux reproches du roi.

Proposition de corrigé

Question :
  Présenter le corpus
  Nombreux sont les écrivains et artistes qui ont dénoncé la violence, et particulièrement sa forme la plus meurtrière, la guerre. La Fontaine en fait le sujet d’une de ses fables, « Les vautours et les pigeons » (1678) ; Swift montre comment elle est perçue dans un pays imaginaire, plus sage que le nôtre, dans le chapitre 7 des Voyages de Gulliver (1725) ; Voltaire place son héros épouvanté au milieu d’un champ de bataille dans Candide (1759) ; Goya consacre à ce thème, en 1863, une série de 80 gravures Los desastros de la guerra, dont l’une, particulièrement frappante, est intitulée « Grand fait d’armes ! Avec des morts ! »
  Annoncer l’étude en reprenant les termes de la question
  Ces quatre documents dénoncent la guerre par des procédés comparables.
  Procédé 1 : le genre de l’apologue
Tout d’abord on remarque l’emploi par les écrivains d’un même genre : l’apologue. En effet les trois textes sont des récits dont le lecteur peut tirer un enseignement, que cet enseignement soit clairement formulé, comme dans la fable de La Fontaine, ou qu’il soit implicite. La fable « Les vautours et les pigeons » a une portée politique. Elle s’adresse aux chefs d’états des petits pays, leur montrant qu’il faut se méfier des nations puissantes, qui ont souvent des visées expansionnistes et qui ne reconnaissent pas les services rendus. Le souverain de Brobdingnag, imaginé par Swift, nous fait réfléchir aux conséquences meurtrières d’une technologie moderne appliquée aux machines de guerre. L’expérience militaire de Candide en semble une illustration directe, qui provoque l’horreur et justifie la désertion.
Goya lui-même, par le titre donné à sa gravure : « Grand fait d’armes ! Avec des morts ! », semble vouloir inscrire le tableau qu’il représente dans un contexte narratif : il raconte, même s’il n’en montre que le résultat, une scène d’atrocité.
  Procédé 2 : la fonction de la description
Outre l’usage du discours narratif propre à l’apologue, les quatre documents font un usage dénonciateur du discours descriptif. Il s’agit, dans tous les cas de montrer la violence sous une forme repoussante pour la dénoncer. Dans le texte de Swift, on voit les « boules » bourrées de poudre « projeter en l’air les pavés, pulvériser les maisons, exploser elles-mêmes et projeter des éclats de tous les côtés, fracassant le crâne de tous ceux qui se trouvent par là » ; Candide sur le champ de bataille constate tout cela, et bien d’autres horreurs, par exemple « des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros » ; quant à La Fontaine, il préfère pudiquement se taire, tant la description serait interminable : « Il plut du sang : je n’exagère point./ Si je voulais conter de point en point/ Tout le détail, je manquerais d’haleine. » Goya de son côté insiste sur la cruauté des châtiments infligés aux ennemis par les soldats ; la guerre semble un prétexte pour laisser se défouler les comportements les plus sadiques, et son tableau décrit sans concessions les mutilations abominables infligées par des hommes à d’autres hommes.
  Procédé 3 : le registre ironique
La dénonciation est renforcée par l’emploi du registre ironique dont font usage chacun des auteurs. La Fontaine fait sourire en utilisant le registre épique, avec toute sa batterie de comparaisons mythologiques pour créer le décalage ironique. En effet, le registre épique s’applique à une engeance qui en est indigne : les vautours. Or le peuple vautour est une métaphore des grands états européens. Ainsi l’auteur dénonce ces états puissants en se moquant d’eux. Swift lui aussi utilise l’ironie, d’une façon plus directe, en faisant faire par son héros Gulliver l’apologie des machines de guerre et en lui faisant condamner les « principes étroits et les vues bornées » d’un prince qui est en réalité un modèle de sagesse. Ainsi, le lecteur doit comprendre exactement l’inverse de ce qui est écrit. De la même façon, Voltaire, au début de l’extrait, semble chanter la beauté et l’efficacité des armées (tout en réglant leur compte aux philosophes optimistes à leur « meilleur des mondes » et à leurs « raisons suffisantes »), pour mieux dénoncer, par l’insistance sur le nombre des morts et par l’emploi dans le deuxième paragraphe du registre pathétique, l’atrocité des faits de guerre. Le personnage de Candide « tremblant comme un philosophe » et désertant le théâtre du combat donne la position de l’écrivain en ce qui concerne la guerre. Goya use lui aussi du registre ironique en présentant les actes sadiques perpétrés sur les soldats comme un « Grand fait d’armes ! Avec des morts ! » On pense entendre un crieur public annonçant un superbe spectacle ...
  Phrase de conclusion
Ainsi par l’usage du genre de l’apologue, de descriptions dénonciatrices et du registre ironique, les quatre documents font impression sur le public pour lui faire détester la guerre.

Quatrième proposition : une séquence « Critique de la guerre »

Objectifs
  Les tonalités épiques et ironiques
  Lecture méthodique
  Initiation à l’E.A.F. 1&2

Exercices
  Lecture méthodique guidée
  Construire un plan de CL
  Rédiger une introduction
  Comparer des textes
  Pratique d’écriture : résumer
  Argumenter avec ironie
  Décrire un scène épique

Textes

Louis Ferdinand CELINE, Voyage au bout de la nuit, extrait 1, Anthologie de textes p.511-512.
  Questions 1 (séquences textuelles) et 3 (mélange des tons), p.512.
  Lecture méthodique (ironie et expressionnisme)
  Préparation d’un plan de CL

VOLTAIRE, Candide, chap.III, « Comment Candide se sauva d’entre les Bulgares et ce qu’il devint », Anthologie de textes p.255.
  Composition du passage
  Champs lexicaux
  Identifier les figures de style et les procédés de l’ironie (visée ?)
  Préparation d’un plan de CL
Rédaction d’une introduction

Arthur RIMBAUD, « Le Dormeur du Val », 1870.
  Composition du sonnet (intérêt de cette forme particulière)
  Effet de surprise et relecture
  Euphémisme et critique de la guerre
  Construire d’un plan de CL

Victor HUGO, « Waterloo ! morne plaine ! », Les Châtiments
  Observer la ponctuation et les adjectifs.
  Identifier les figures de style
  Définition de la tonalité épique

STENDHAL, La Chartreuse de Parme, I, 3, extrait 1, Anthologie de textes p.364.
  Composition du passage
  Etude du système énonciatif
  Identifier l’ironie

RABELAIS, « Comment un moine de Seuillé sauva le clos de l’abbaye du sac des ennemis », Gargantua, chap. 27, Anthologie de textes p.46.
  Parodie de l’épique
  Critique de la guerre
  Comparer les différentes scènes de guerre

PICASSO, Etude de Guernica
  Comment peindre la bataille ?
  Description d’une scène épique

Sixième proposition : sujet de l’E.A.F. de 2002

Ces quatre textes dénoncent la guerre. Vous analyserez les différents procédés littéraires utilisés à cette fin.
  La BRUYERE, « Du Souverain ou de la République » dans Les Caractères (1688)
  Article « Paix », L’Encyclopédie (1750 - 1772)
  VOLTAIRE, « Guerre », Dictionnaire philosophique (1764)
  GIRAUDOUX, La guerre de Troie n’aura pas lieu 1935
  PICASSO, Guernica

Quelques remarques à propos du tableau

La guerre d’Espagne a suscité l’engagement de nombreux artistes et écrivains.
Cet engagement a pris les formes de l’action. Ainsi Malraux a organisé l’escadrille « España » mais aussi les formes de la création. Malraux a écrit en 1937 L’Espoir dans lequel il retrace l’atmosphère de cette époque et la fraternité des combattants. C’est un autre événement qui a inspiré Picasso (peintre né en 1881, qui représente la rupture entre la peinture classique et la peinture moderne.)
Guernica est petite ville située à trente kilomètres de Bilbao dans un vallon au nord de l’Espagne, dans le pays basque. Le 26 avril 1937, jour de marché, des escadrilles apparaissent au-dessus de Guernica. La place du marché est pleine de monde. Le bombardement fasciste va durer plus de quatre heures sans interruption. Ce fut le premier bombardement de la population civile durant la guerre d’Espagne. Ce massacre s’est soldé par 1654 morts et 889 blessés.
C’est ce fait qu inspire à Picasso Guernica, un immense tableau tragique qui mesure 7,82 mètres sur 3,35 mètres.
Picasso a réalisé quarante-cinq croquis, c’est sur ces croquis qu’apparaîtront dès les premières esquisses les éléments principaux du tableau : le taureau, le cheval et la source de lumière.

Quelques observations
Absence presque totale de perspective : il n’y a que deux plans.
Lumière caractérisée par une lampe symbolisant un Å“il cf. la Bible : l’Å“il de Caïn, qui est son remords ; ici, Dieu regarde, mais n’intervient pourtant pas.
Disposition des personnages : le désordre de ce tableau exprime en fait le bouleversement ; Guernica est le premier bombardement civil, état de stupéfaction qu’exprime le tableau : les personnages sont saisis en pleine action, regardant le ciel dans une posture d’imploration. Ils ont la bouche ouverte, exprimant une violente douleur face à un ennemi invisible.
Au centre, dans la partie la plus éclairée on voit un cheval qui représente la population espagnole meurtrie.
Le cheval tombe sur un guerrier écartelé dont la main tient encore un glaive brisé, évocation les morts au « champ d’honneur » traditionnels des monuments aux morts. (cf Arc de Triomphe)
A gauche, au-dessus d’une femme assise, un enfant mort dans les bras, on voit la tête d’un taureau rappelant la passion de Picasso pour la tauromachie mais évoquant aussi le mythe du Minotaure, qui dévore les enfants de la cité.
Guernica de Picasso est un Å“uvre témoignage d’une réalité sanglante et d’une guerre civile qui déchire l’homme et le mène à sa perte. Une phrase de Paul Éluard traduit bien la douleur et l’horreur : « Toutes les figures des études de Picasso pour Guernica souffrent de la douleur suprême, elles n’expient rien, elles reçoivent l’injure de la souffrance immédiate. Et elles n’acceptent pas, elles suent de fureur ».
Avec Guernica, en 1937, Picasso réalise l’une des Å“uvres les plus célèbres du 20e siècle. Cette Å“uvre est aussi le premier signe tangible de l’engagement politique de Picasso. En représentant l’horreur de la guerre civile, il prend parti contre l’Espagne de Franco et les régimes totalitaires.
Outre le contenu engagé, Picasso découvre un style de dessin totalement nouveau pour lui : le dessin d’enfant.
Picasso combine un style qui lui est propre, linéaire (néo-classique) avec des apports surréalistes, comme un type de création spontanée enfantine, issus de l’inconscient.
La dissociation cubiste, la figuration et la symbolique enfantine constituent les trois axes sur lesquels s’articulent « le style Picasso ».

Références en ligne :

  La guerre selon Maupassant sur geocities.
  Théorie et technologies de la guerre psychologique sur Infoguerre.
  Voir aussi, « Concept civil : Les théories et Les technologies de la guerre psychologique » sur Infoguerre.
  La nature et la guerre un texte de Bergson sur Philagora.
  Un sujet argumentatif à partir d’un texte de Maupassant, extrait de Sur l’eau sur le site de François Collard.
  Un dossier sur Webencyclo "Un siècle de guerres"
  L’ONU est producteur de documents mais beaucoup sont en anglais.

Quelques réflexions de colistiers :

  Une petite remarque en passant. Lorsqu’on étudie le thème de la guerre, et cette synthèse le montre bien, il y a toujours une problématique implicite qui est : "la-guerre, c’est-pas-bien". Je n’ai rien contre (ni rien pour, d’ailleurs), mais il vaudrait mieux le préciser, quand même, parce que ça ne va pas de soi. Lorsque Musset, dans le début de la Confession d’un enfant du siècle, évoque les campagnes napoléoniennes, il n’adopte pas vraiment le même point de vue... La Chanson de Roland non plus. J’ai parfois l’impression, en lisant certains descriptifs par exemple, que l’enseignant de français aime bien se transformer, parfois, en prêcheur... Or, l’esprit critique ne peut naître que de la confrontation [...].

  A propos de La Petite marchande d’allumettes texte d’Andersen, illustrations de Georges Lemoine (Nathan).
Voici la 4ème de couverture écrite par l’illustrateur, qui par quelques phrases manuscites sous ses illustrations établit le parallèle entre le conte et la guerre de Bosnie.
Celui-ci a travaillé avec une journaliste présente à Sarajévo pendant le siège de la ville et deux reporters photographes.
"Il peut arriver qu’un récit littéraire classique plus ou moins ancien soit considéré par nos contemporains, à juste titre, comme faisant partie du patrimoine de l’humanité, et se superpose aux événements que le temps présent nous donne la possibilité de vivre. "La petite marchande d’allumettes" appartient sans doute à cette catégorie.
Comment cela s’est-il précisément passé ? Je ne sais plus exactement mais un jour, le visage d’une petite bosniaque retenue prisonnère dans la ville assiégée, entre 1992 et 1995, s’est imposé à moi comme le symbole d’une enfance victime de la folie barbare des hommes.
La distance séparant le conte d’Adersen de la réalité d’une guerre qui ravageait un pays de notre Europe moderne n’existait plus ... l’innocente inconnue rejoignait dans la souffrance sa soeur jumelle, celle à laquelle Andersen avait, au XIXe siècle, donné, puis ôté la vie. "


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[1 203] - Inciter à la lecture



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