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Article : [156] - Rendre compte d’une lecture cursive


vendredi 9 juillet 2004

Par Monique

Il s’agissait de trouver des idées amenant les élèves à avoir un véritable échange sur les livres choisis dans une liste de lectures cursives, pour faire en sorte que les livres passent de main en main...
Synthèse mise en ligne par Valentine Dussert.
Dernière modification le 13/01/2009.

Activités davantage tournées vers l’oral

  Les élèves se posent des questions les uns aux autres : un élève qui a lu une Å“uvre essaie de « coincer » un autre qui l’a lue aussi. Ceci peut se dérouler sous forme de jeu.
  Réaliser des interviews : l’un se fait passer pour l’auteur du livre et tente de susciter le plaisir de lire sa production pendant que d’autres élèves l’interviewent. Cela peut être relié à une séquence sur le travail de l’écriture, dans laquelle on étudierait une interview d’écrivain filmée ou sonore pour comprendre les questions types et observer si les intervieweurs sont pertinents dans leur façon de mettre en lumière un livre.

Activités permettant un travail écrit et / ou oral

  On peut demander aux élèves de rendre compte de leurs impressions de lecture à travers un certain nombre précis de mots, explicitement désignés (par exemple trois adjectifs qualificatifs), et de rédiger un bref texte justifiant leur choix. La confrontation de ces adjectifs à l’intérieur du groupe d’élèves ayant lu la même Å“uvre peut cependant être plus intéressante que l’écrit individuel (quitte à ce que celui-ci intervienne à une étape ultérieure, à titre de synthèse).
  S’inspirant du Goncourt des lycéens, on peut solliciter de la part des élèves l’écriture d’une critique littéraire, en tous points conforme aux travaux de la classe sur l’objet d’étude « Délibérer, convaincre, persuader ». Mais on peut aussi démultiplier les étapes : la critique pourrait, dans un premier temps, ne viser qu’un personnage, ou une séquence narrative particulière (par exemple l’incipit, ou le dénouement, ou tel moment critique de l’intrigue). Certes, la forme peut être écrite ; mais il est sans doute plus intéressant ici de procéder par confrontations orales, en particulier lors des étapes intermédiaires, dans la mesure où telle construction de personnage ou tel dénouement d’une Å“uvre peut susciter des échos avec le personnage ou le dénouement d’une autre lecture cursive de la même séquence, et contribuer ainsi à enrichir singulièrement ce qui fait l’objet de cette séquence.
  A chaque séquence correspond une liste de livres se trouvant à la bibliothèque. Les élèves y choisissent le livre qu’ils désirent lire (avec possibilité d’en changer dans les 15 premiers jours) et ont un mois pour préparer un compte-rendu oral comportant : la biographie de l’auteur, le résumé de l’Å“uvre, leur jugement personnel argumenté et une lecture expressive d’un passage. Ce compte-rendu, qui a lieu à la bibliothèque, peut être évalué ainsi : 5 points pour la biographie, 5 points pour l’élocution, 5 points pour la conviction, 5 points pour la lecture (introduction, choix du passage, ton). Les élèves, qui doivent affronter d’éventuelles questions, ne recopient pas les fiches de lecture antérieures. On peut faire chaque année un mois de « découverte du nouveau fonds », où les élèves ne peuvent choisir qu’au sein de la nouvelle commande.

Activités donnant plutôt lieu à un travail écrit

  Faire rédiger puis afficher au CDI, avec l’ouvrage, la critique des livres que les élèves ont lus. Prévoir un temps (1/2 heure toutes les deux semaines par exemple) pour venir au CDI lire les critique, les commenter et inciter les élèves à emprunter de nouveaux livres.
  A partir de la Préface de Pierre et Jean (voir par exemple Hatier Littérature 2de p. 125) où Maupassant indique huit attentes face au livre, demander aux élèves de proposer chacun un titre pour chaque attente, avec un petit argumentaire. Tout récapituler sous forme de liste qui sera distribuée à toute la classe.
  La lecture cursive peut être accompagnée d’un carnet de bord, dans lequel chaque élève consigne, au fur et à mesure, ses impressions de lecteur, ses attentes, ses hypothèses. À des dates indiquées au préalable, le professeur relève ces carnets, pour lesquels la lecture, l’annotation et la réponse à d’éventuelles questions sont vraiment très rapides (pas d’évaluation, encore moins de notation, ici). Il arrive même que des élèves réclament de partager avec leurs camarades leurs appréciations sur des lectures communes ; on aboutit alors au carnet de bord en duo, où par exemple les pages de gauche sont réservées au premier lecteur, celles de droite au deuxième, qui réagit alors à la fois à sa propre lecture de l’Å“uvre et aux impressions de lecteur de son camarade.
  On peut soumettre à la réflexion des élèves une question du type : « Dans quelle mesure la lecture de telle Å“uvre donnée en lecture cursive vous a-t-elle permis de mieux comprendre le thème / la problématique de cette séquence ? (Déclinaisons possibles : « L’Å“uvre de Beaumarchais Le Barbier de Séville ou l’Å“uvre de Laclos Les Liaisons dangereuses relève-t-elle du mouvement des Lumières ? » ; « En quoi, Moi, Pierre Rivière relève-t-il de l’autobiographie ? » ; « En quoi la Lettre à un jeune poète de R.-M. Rilke éclaire-t-elle le thème de cette séquence portant sur la parole du personnage ? » ; « Dans quel sens Le Mariage de Figaro de Beaumarchais permet-il de ‘montrer pour dire’ ? »). Le travail écrit peut être individuel ou collectif (un seul document issu de l’échange entre les élèves qui ont lu la même Å“uvre), mais cette réflexion peut aussi donner lieu à une confrontation orale (donner une consigne à la maison du type « Pour quelles raisons conseilleriez-vous à vos camarades de lire, pour cette séquence, l’Å“uvre que vous avez lue ? » ; pendant l’heure de cours, chacun des groupes formés autour de la même Å“uvre propose cet argumentaire à destination des autres élèves de la classe).
  Les élèves les plus en difficulté pourraient retrouver de l’intérêt pour leur lecture si le professeur leur demande de formuler par écrit et de manière aussi précise que possible ce qui leur pose problème dans leur appropriation de l’oeuvre (des ruptures dans le fil chronologique du récit, des variations dans l’appellation des personnages, des interventions jugées intempestives du narrateur, voire des chutes beaucoup trop inattendues sont certaines des raisons récurrentes qui peuvent aller jusqu’à faire interrompre la lecture). L’intérêt d’une telle démarche, outre la possibilité, pour la classe, de fonctionner comme lieu de régulation de ces difficultés, est qu’elle permet souvent de mieux mettre en perspective les lectures analytiques de telle ou telle séquence. Ici aussi, la forme écrite n’est qu’une étape intermédiaire, permettant au professeur de réinvestir les réflexions individuelles dans l’espace collectif de la classe.
  A chaque séquence correspond une liste de livres se trouvant à la bibliothèque. Les élèves y choisissent le livre qu’ils désirent lire (avec possibilité d’en changer dans les 15 premiers jours) et ont un mois pour préparer une fiche de lecture (voir ci-dessous). On peut faire chaque année un mois de « découverte du nouveau fonds », où les élèves ne peuvent choisir qu’au sein de la nouvelle commande. Cet exercice, moins scolaire que le « sacro-saint » compte-rendu de lecture et agréable à corriger, est souvent apprécié des élèves, qui peuvent exposer une lecture personnelle choisie individuellement et savent que ce travail leur permet souvent d’augmenter sensiblement leur moyenne. Les fiches de lecture les mieux réussies sont exposées à la bibliothèque et peuvent ainsi être consultées les élèves des autres classes.
CRITERES DE LA FICHE DE LECTURE
Le texte de la fiche de lecture ne doit pas dépasser deux pages (un recto-verso). La présentation peut occuper les autres pages (première et/ou dernière) d’une copie double. Le nom de l’élève doit figurer à la fin. La fiche de lecture comporte les éléments suivants :
*Contrat de progrès sur 3.
*Introduction sur 4 (Nom de l’auteur, titre du libre, titre original et nom du traducteur s’il s’agit d’une traduction, date de l’édition originale ou de la première représentation, éditeur de l’édition originale, rapport avec la biographie de l’auteur - s’il n’y en a pas, il faut le préciser - présentation psychologique des personnages principaux et mise en relation avec les autres personnages).
*Résumé sur 5 (il doit être court et complet ; attention à l’emploi cohérent des verbes).
*Jugement sur 5 (il doit être argumenté et motivé - 3 points - et doit être suivi d’une ou plusieurs citations du livre qui l’appuient - 2 points. Les citations doivent être assez longues, une dizaine de lignes, afin de donner une idée du style de l’auteur).
*Présentation sur 3 (illustration qui corresponde au thème ou à l’atmosphère du livre : dessin, collage, disposition... Essayez d’exprimer ce que vous avez ressenti à la lecture du livre).
VARIANTE POUR UN NIVEAU SUPERIEUR : Introduction sur 4, résumé sur 6, présentation sur 3, jugement sur 7 (il doit être argumenté et motivé - 4 points - et doit être suivi d’une ou plusieurs citations du livre qui l’appuient - 3 points. Le livre est à mettre en relation avec le groupement de textes ou l’Å“uvre étudiée. Les citations doivent être assez longues, une dizaine de lignes, afin de donner une idée du style de l’auteur).
  Vous écrivez à un(e) ami(e) pour l’inciter à lire l’ouvrage que vous avez choisi pour la lecture cursive.
ATTENTION : votre texte devra comporter
Au moins deux arguments de type logique
Au moins quatre des procédés de persuasion rencontrés à l’occasion des études de textes faites en classe.
Vous indiquerez au crayon, dans la marge, en face du passage concerné, le nom du procédé de persuasion utilisé, et vous noterez "arg. 1" et "arg. 2" en face de chacun des arguments que vous aurez utilisés.
A condition de rappeler, au moment où l’on donne le sujet, qu’il s’agit d’un exercice scolaire (qui exclut le langage familier ou argotique), le résultat n’est pas inintéressant. Cela permet, en particulier, de repérer les élèves qui n’ont pas compris la notion d’argument, ou la différence entre persuader et convaincre, et de leur proposer une A.I. C’est également un moyen de préparer un débat argumenté entre partisans de la lecture du livre et les autres. (Christine)

Une référence bibliographique

  Christian Poslaniec, Donner le goût de lire, éditions du Sorbier.

Voir aussi sur WebLettres

  la synthèse de la liste Profs-L n° 64 de Caroline d’Atabekian Evaluer la lecture d’une Å“uvre.


Ce document correspond à la synthèse de contributions de collègues professeurs de lettres échangées sur la liste de discussion Profs-L ou en privé, suite à une demande initiale postée sur cette même liste. Cette compilation a été réalisée par la personne dont le nom figure dans ce document. Ce texte est protégé par la législation en vigueur. Fourni à titre d’information seulement et pour l’usage personnel du visiteur, il est protégé par les droits d’auteur en vigueur. Toute rediffusion à des fins commerciales ou non est interdite sans autorisation.

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