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vendredi 2 juillet 2004
Par Eugénie Rivault
Il s’agissait de savoir quelle est la version prĂ©fĂ©rĂ©e des professeurs de français dans l’optique de l’Ă©tude du théâtre en Première.
Au dĂ©part, la question Ă©tait plus prĂ©cise : il s’agissait de savoir quelles sont les particularitĂ©s, les aspects intĂ©ressants (ou gĂŞnants ?) de la mise en scène de Dom Juan par Armand DELCAMPE.
► Don Juan (Didier Colfs), comique, un peu poseur, est une sorte de grand enfant, un grand gamin un peu effĂ©minĂ© qui veut tout : intelligent mais irresponsable (« aveugle jeunesse »), joueur et non coupable, il ne comprend pas bien pourquoi ses jouets sont cassĂ©s.
► Sganarelle (LĂ©onil Mac Cormick), valet et confident, ami de Don Juan, « le regard du peuple », est lui aussi « un cĹ“ur sincère ». Il ne partage pas les raisonnements de son maĂ®tre mais s’Ă©tonne toujours de voir la « mĂ©canique Don Juan » fonctionner... Ni l’un ni l’autre ne semblent concernĂ©s par les dĂ©gâts que Don Juan occasionne. (EAF PhM)
► La reprĂ©sentation est faite en dĂ©cor naturel, dans les ruines d’une abbaye (la scène est montĂ©e contre un mur) ; dans la dernière scène, on voit Don Juan frondeur, monter des escaliers, la main tendue, pour parvenir jusqu’Ă une statue vivante qui l’emporte dans un grand fracas de pĂ©tards et de fumĂ©e.
► Prise en direct, en nocturne, Ă l’extĂ©rieur.
Avis favorables :
► La mise en scène de Delcampe respire la santĂ©.
► La version Delcampe s’attarde davantage sur l’aspect comique des diffĂ©rents personnages, sur l’inconstance joueuse et Ă©goĂŻste de Don Juan.
► Cette version, enregistrĂ©e en plein air et en public a le mĂ©rite de donner une approche assez comique et rafraĂ®chissante de la pièce [...].
► J’aime bien la mise en scène de Delcampe et je connais les comĂ©diens, en particulier LĂ©onil Mc Cormick (Sganarelle) qui dirige un petit théâtre Ă la campagne, qu’il a créé de toutes pièces et fait vivre, et qui anime chaque annĂ©e dans ce village un grand « MarchĂ© du théâtre » oĂą sont invitĂ©es les compagnies francophones qui se produisent en Belgique. Le public a l’occasion de voir gratuitement des extraits de spectacles, de recevoir des infos, en ce compris de jeunes compagnies qui ont ainsi l’occasion de se faire connaĂ®tre. Malheureusement, l’affluence est devenue telle que le marchĂ© est victime de son succès.
Voir le site de La Valette
Mais je trouve cela très chouette Ă notre Ă©poque oĂą il est si difficile de faire du théâtre (et de l’art en gĂ©nĂ©ral). Pour en revenir Ă la mise en scène de Delcampe, elle a le mĂ©rite de remettre la pièce dans une perspective comique qui Ă©tait quand mĂŞme, Ă ma connaissance, l’esprit du XVIIe. Par ailleurs, le spectacle en plein air dans les superbes ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville nous replonge aussi un peu dans les conditions de crĂ©ation de certaines pièces dans les jardins de Versailles.
► Beau dĂ©cor (au pied d’une ruine) et costumes.
► Le traitement des dĂ©cors y est intĂ©ressant (composer avec un dĂ©cor naturel, faire bouger le public pour utiliser le cadre architectural du lieu de la mise en scène...).
► Le personnage de Sganarelle est apprĂ©ciĂ©.
► Le DVD comporte un bonus avec interviews utiles.
Regrets
► Pourquoi la scène avec Monsieur Dimanche est-elle absente ? Et pourquoi cette fin grandiloquente ?
► Grand regret quant Ă la supression de la drolissime scène avec M. Dimanche (c’est notre M. Dimanche local qui s’est senti vexĂ© !).
► (II, 4) : la tirade de Dom Juan s’adressant en mĂŞme temps Ă Charlotte et Ă Mathurine est tronquĂ©e.
► La dĂ©clamation tonitruante (pièce jouĂ©e en plein air) et certains choix un peu « dĂ©magos ».
► Don Juan jeune mais pas très convaincant, texte incomplet (pas de M. Dimanche) et parfois dĂ©bitĂ©, erreurs dans la prise de vue (Ă contretemps).
► les acteurs ne m’ont pas paru tous très convaincants, notamment Dom Juan que je trouve un peu insipide.
► Le comĂ©dien qui interprète Dom Juan dans cette version Ă©tait une doublure ; en effet, après quelques reprĂ©sentations, le titulaire du rĂ´le a eu de graves problèmes de santĂ© qui l’ont obligĂ© Ă interrompre la sĂ©rie. D’ailleurs, vous remarquerez qu’Ă un moment on entend la voix off de Dom Juan enregistrĂ©e et que ce n’est pas la mĂŞme.
► Unanimement, le costume d’Elvire dĂ©plait fortement.
Réaction des élèves :
► Cette annĂ©e, mes Ă©lèves m’ont presque convaincue que le tĂ©lĂ©film (Bluwal) Ă©tait trop languissant, avec son Don Juan dĂ©pressif, alors que la mise en scène de Delcampe respire la santĂ© !
► Les Ă©lèves aiment bien (couleurs, ça bouge).
► L’avis des Ă©lèves est restĂ© partagĂ© ; la mise en scène de Delcampe a Ă©tĂ© jugĂ©e assez sĂ©vèrement.
► Mes Ă©lèves ont prĂ©fĂ©rĂ© celle de Jacques Weber, malgrĂ© le non-respect du texte : de bons acteurs connus, une interprĂ©tation du texte très intĂ©ressante.
► Je pense que cette mise en scène est susceptible de davantage plaire aux Ă©lèves, notamment par rapport Ă celle de Bluwal, un peu datĂ©e pour eux.
Un point qui fait l’unanimitĂ©, l’intĂ©rĂŞt des comparaisons :
► Delcampe tout seul me semble assez pauvre mais pour Ă©tablir une comparaison, c’est un bon achat.
► Après diffusion comparative de quelques passages, l’avis des Ă©lèves est restĂ© partagĂ© [...] je ne regrette pas de l’avoir utilisĂ©e ; la rĂ©flexion sur le travail scĂ©nique s’en trouve vraiment enrichi [...] Cette version, enregistrĂ©e en plein air et en public, a selon moi le mĂ©rite de donner une approche assez comique et rafraĂ®chissante de la pièce, intĂ©ressante pour des comparaisons avec des interprĂ©tations beaucoup plus sombres voire tragiques que l’on trouve par exemple Ă la ComĂ©die-Française.
► En tout cas, la comparaison entre les deux versions (Delcampe, Bluwal) est fertile.
► Le mĂ©rite de cette pièce extraordinaire est prĂ©cisĂ©ment la multiplicitĂ© des interprĂ©tations (et donc des mises en scène) possibles.
:
► Ma version prĂ©fĂ©rĂ©e : BLUWAL avec Piccoli (un très bon DVD)
► Ma prĂ©fĂ©rĂ©e : BLUWAL Puis MANUEL et WEBER.
► Ma prĂ©fĂ©rĂ©e reste l’adaptation tĂ©lĂ©visĂ©e de Marcel BLUWAL, certes ancienne ... mais quelle classe !
Et incidemment :
► Pour en savoir plus : peut-ĂŞtre pouvez tenter d’entrer en contact avec Armand Delcampe via l’Atelier théâtre Jean Vilar Ă Louvain-la-Neuve, dont il est le directeur.
► Des collègues qui enregistrent tout ce qui passe sur Arte ont peut-ĂŞtre au fond de leurs tiroirs un documentaire sur les diffĂ©rentes versions de mise en scène de Dom Juan : de Jouvet (1947 ?) Ă Lassalle (1994)
► Quelque part sur le Web, vous avez mĂŞme un collègue qui a constituĂ© un tableau synthĂ©tique afin de tirer meilleure partie du documentaire.
► Weber a lui aussi (avec l’adaptateur Laclavetine) apportĂ© des modifications, notamment d’ordre des scènes.
Ce document correspond Ă la synthèse de contributions de collègues professeurs de lettres Ă©changĂ©es sur la liste de discussion Profs-L ou en privĂ©, suite Ă une demande initiale postĂ©e sur cette mĂŞme liste. Cette compilation a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par la personne dont le nom figure dans ce document. Ce texte est protĂ©gĂ© par la lĂ©gislation en vigueur. Fourni Ă titre d’information seulement et pour l’usage personnel du visiteur, il est protĂ©gĂ© par les droits d’auteur en vigueur. Toute rediffusion Ă des fins commerciales ou non est interdite sans autorisation.
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