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Article : [794] - Adaptations des Liaisons dangereuses


vendredi 5 août 2011

Par Nathanaëlle Pirard

Il s’agissait de constituer une liste d’adaptations du roman Les Liaisons dangereuses de Chodelos de Laclos.
Synthèse mise en ligne par Delphine Barbirati.

Films

  FORMAN M., Valmont (1989)
avec Colin Firth et Annette Bening.
  FREARS S., Les Liaisons dangereuses (1988)
avec Glenn Close, John Malkovich et Michelle Pfeiffer. Ce film ayant été au programme du bac (terminale L), de nombreuses ressources sont disponibles.
Ce film est adapté d’une pièce de Christopher Hampton.
  KUMBLE R., Cruel intentions sexual provocation (1999)
avec Sarah Michelle Gellar, Ryan Philippe et Reese Witherspoon.
  LES INCONNUS, Les Liaisons vachement dangereuses.
pour proposer un moment de détente et de rire.
  VADIM R., Les Liaisons dangereuses (1960)
avec Gérard Philippe, Jeanne Moreau et Jean-Louis Trintignant.

Séquences à étudier
Pour chaque film choisi, les mêmes séquences seront montrées :

  Le générique : choix des images, musiques et effets/significations de ces choix.
  La scène initiale : celle qui met en place les données spatio-temporelles, les personnages, leur statut, leur relation, etc.
  La reddition de la Présidente de Tourvel : permet d’analyser les procédés employés par Valmont.
  La fin : permet de voir comment les réalisateurs ont adapté la scène du duel et l’humiliation de la Marquise de Merteuil.

Autres séquences intéressantes

  L’adaptation de la lettre 81 dans la version de S. Frears.
  La déclaration de guerre de la Marquise de Merteuil à Valmont.

Documents utiles

  NRP Lycée Numéro 36 bis, septembre 2009 : un article sur les adaptations littéraires du roman Les liaisons dangereuses.
  SABOURAUD F., L’Adaptation : le cinéma a tant besoin d’histoire.
  TELEDOC
pour l’analyse de la scène liminaire chez S. Frears ; Frears lui-même disait avoir modifié cette scène finale pour aller vers plus de réalisme et un caractère moins moralisateur.

Remarque
Il semble intéressant de montrer au moins une scène qui met en évidence le caractère épistolaire du roman : par exemple, l’incipit de Frears offre un gros plan sur une lettre dans laquelle apparaît le titre du roman, les versions de Vadim et de Kumble reprennent des extraits de lettres.

La Préface : quelques remarques

  L’auteur travaille à la vraisemblance et à l’illusion d’authenticité de son ouvrage de fiction en le présentant comme un recueil de lettres trouvées et sélectionnées qu’il s’est contenté de présenter. C’est une pratique commune au XVIIIe siècle de donner l’illusion de l’authenticité ( Marivaux, Crébillon...) : les lecteurs contemporains n’étaient pas dupes. Il s’agissait plutôt pour les romanciers de contourner la censure et surtout d’éviter les critiques virulentes contre le roman et le romanesque : si c’est un recueil véritable, il n’y a pas romanesque et donc ni vice ni péché.
Cela permet de lire le roman comme un témoignage des mÅ“urs du XVIIIe puisque l’aspect fictionnel n’est pas mis en avant.
  Il y a énormément d’ironie dans la manière de présenter l’ouvrage. L’auteur attise l’intérêt, la curiosité des lecteurs en leur présentant ce livre comme dangereux pour la jeunesse. Cette ironie permet à Laclos d’inciter son lecteur à plus de discernement.
Ce livre est présenté comme un danger pour de multiples raisons : tout d’abord, c’est presque une antiphrase qui vient se moquer des détracteurs ; ensuite c’est un avertissement, le lecteur ne viendra pas se plaindre ; enfin de ce roman qui dévergonde la jeunesse, il avait été prévenu. Le lecteur est libre de poursuivre ou d’interrompre sa lecture. C’est un contrat très clair.
  Pourquoi l’auteur dévalorise-t-il sans cesse le style de ses lettres ? Est-ce simplement pour accroître l’illusion de vraisemblance, pour causer un sentiment en réaction chez le lecteur ? L’autocritique stylistique viserait aussi à éviter les critiques. Ce ne serait pas vraiment une remarque sincère ni de la fausse modestie, qui viserait à obtenir des compliments, mais simplement une manière de se débarrasser des mauvais critiques.
  La majorité de ces caractéristiques viennent de l’avis au lecteur des Essais de Montaigne ; cette Å“uvre est peut-être à envisager en lecture comparée.
  Ces observations sont à mettre en rapport avec le statut du roman, genre mineur à l’époque. Les incipit du XIXe ne fonctionneront comme outils de l’illusion romanesque qu’à l’intérieur d’un champ littéraire où le roman a déjà fait sa place. Avant cela, il fallait recourir à d’autres moyens.

Propositions méthodologiques

  Pour montrer aux élèves la diversité de ces artifices de la vraisemblance au XVIIIe et au XIXe siècle, il est intéressant de comparer Les Liaisons dangereuses à d’autres romans et même à des romans modernes, au sens technique qui recourent systématiquement à des genres ou à des pratiques d’écriture bien établis.
Ainsi, par exemple, la lettre est-elle aussi utilisée par Guilleragues, Rousseau et même Balzac dans Les Mémoires de deux jeunes mariées. On trouvera le journal chez Defoe, Richardson et plus tard Maupassant ; ou encore l’autobiographie chez Constant. La Vie de Marianne de Marivaux est aussi intéressante à étudier de ce point de vue. A contrario, Voltaire, qui n’a aucun souci de la vraisemblance, dans ses contes ne s’embarrasse pas de tels procédés.
  Quelles incidences sur la lecture des Liaisons dangereuses peuvent avoir l’Avertissement de l’éditeur et la Préface du rédacteur ? Le film de Frears vous semble-t-il tenir, à sa façon, les engagements du rédacteur de la Préface ?


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