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Article : [537] - Améliorer son orthographe


dimanche 31 octobre 2021

Par Musetta Puccini

Il s’agissait de trouver des solutions pour une élève de CM2 qui a une orthographe déplorable, en particulier lexicale. Elle lit peu (un peu de littérature jeunesse, beaucoup de BD).

Synthèse mise en ligne par Murielle Taïeb.

Propositions des collègues

La lecture

  Nous avons mis en place le quart d’heure de lecture, pas de BD, des textes courts qui fonctionnent, les contes de fĂ©es par exemple. Ils doivent commencer la lecture et la continuer le jour suivant. Ils peuvent en prendre un autre si le premier ne leur convient pas.
  L’orthographe, c’est comme la gym, il vaut mieux un peu tous les jours, que des exercices contraignants, longs et fatigants. Mon rituel : c’était devenu quasi obsessionnel, je lis, je rĂ©flĂ©chis Ă  ce que j’ai lu. Je n’en ai pris conscience que tardivement que je « perturbais » souvent ma lecture. Si votre Ă©lève peine sur l’écrit, oralisez la lecture, cela deviendra un rĂ©flexe par la suite.
  Les anglophones font des concours d’orthographe consistant Ă  Ă©peler les mots Ă  haute voix.

L’écriture

  Lui faire faire des dictĂ©es Ă  la maison et après, lui demander de se corriger par elle-mĂŞme avec un dictionnaire et un Bescherelle Ă  disposition. Cela lui permettra d’apprendre de ses erreurs et de revoir certaines règles. Rien de mieux que la pratique pour progresser.
  La faire Ă©crire le plus souvent possible, de petits textes courts, par exemple une liste de course, un mail Ă  un membre de la famille qui est loin, etc.
  Une technique pour retenir des mots nouveaux et les intĂ©grer ainsi Ă  son "sac de mots" : la rĂ©pĂ©tition, Ă  l’écrit ou en Ă©pelant, jour 1, puis jour 2, puis sauter un jour et enfin jour 7 ou 8. Hyper fastidieux mais ça marche.
  Venant du primaire, je faisais apprendre chaque semaine une liste de mots frĂ©quents notamment les mots invariables.
  Pensez aux petits exercices des ORTH 6e puis 5e jusqu’en 3e. Chez Hatier. Ça fonctionne !
https://www.editions-hatier.fr/livre/apprendre-lorthographe-6e-5e-orth-9782218933448
  Achat d’un splendide cahier, l’enfant Ă©crit UNE phrase TOUS les jours, sur un moment de la journĂ©e, le repas, l’Ă©cole. Il rĂ©flĂ©chit pour la rĂ©diger seul, qu’elle soit parfaite (!) puis on l’aide si nĂ©cessaire Ă  trouver les erreurs. Peu Ă  peu, on peut passer Ă  deux phrases, des illustrations qui crĂ©ent un cahier de souvenirs de l’annĂ©e. Cela prend cinq minutes par jour, et les progrès apparaissent assez vite, il faut juste de la rigueur et de la constance, courage.
  Un travail en plusieurs Ă©tapes : 1. Comprendre la formation des mots. 2. Copier des textes. 3. Recopier une quinzaine de fois les mots qui posent problème.

D’autres pistes

  Elle ne se pose aucune question. Il faut lui apprendre Ă  s’interroger, Ă  substituer, dĂ©placer, effacer, conjuguer Ă  un autre temps, regarder l’Ă©tymologie et enfin Ă  trouver des moyens mnĂ©motechniques comme le dessin. L’orthographe se pense.
  Pour chacun de mes enfants, lorsqu’il s’est agi de leur faire apprendre l’orthographe pour les dictĂ©es de l’Ă©cole, j’ai toujours eu le rĂ©flexe de passer par l’Ă©tymologie (latin, ancien français...) : lupus, le loup, cela les amuse. Pour les finales muettes, je les fais systĂ©matiquement rĂ©flĂ©chir aux mots de la mĂŞme famille. Parfois, on trouve des moyens mnĂ©motechniques (la libellule a quatre ailes) : mieux encore, les enfants les trouvent eux-mĂŞmes. Petits, ils aiment bien jouer avec les mots et leur musique pour se raconter des histoires.
  Il peut aussi ĂŞtre judicieux de faire un bilan chez l’orthophoniste, parfois l’enfant est simplement dyslexique. Parfois c’est tellement lĂ©ger que l’enfant compense tout le temps et on n’y voit que du feu. Le maĂ®tre mot, s’en occuper mais ne pas s’en prĂ©occuper car lĂ  viennent honte et blocage. RĂ©ponse : Elle est dyspraxique : Ă©crire lui demande beaucoup d’Ă©nergie, si bien qu’elle a du mal Ă  faire attention Ă  l’orthographe en mĂŞme temps qu’Ă  la graphie. La psychomotricienne dit qu’il ne faut pas trop la contraindre Ă  Ă©crire en dehors de l’Ă©cole parce que ça la met en difficultĂ© et que rien que le geste lui coĂ»te beaucoup d’Ă©nergie et de concentration qu’elle ne met pas ailleurs (justement dans la rĂ©flexion).
  Ma fille Ă©crivait aussi très mal. C’est seulement en classe de sixième que nous avons dĂ©couvert sa myopie ! Ensuite tout s’est arrangĂ© très vite.

En guise de conclusion

D’abord, dĂ©dramatiser ! L’orthographe est importante mais ne fait pas tout. J’en connais des excellents en orthographe qui ont fait des parcours mĂ©diocres, et d’autres qui ont souffert toute leur scolaritĂ©, et pourtant ont fait de brillantes poursuites d’étude.
Ensuite, je rejoins la collègue qui distingue lecture et Ă©criture. Certes, pour apprendre l’orthographe d’un mot, il faut l’avoir rencontrĂ© au moins deux voire plusieurs fois. Mais les recherches ont montrĂ© que le cerveau nous joue des tours. Chaque annĂ©e, au moment d’écrire ALLITÉRATION (et oui, j’ai aussi mes doutes et mes faiblesses et je les partage avec humour avec mes Ă©lèves), j’ai des sueurs froides. Je ne comprenais pas pourquoi mon cerveau refusait cette double L au lieu de la double T (allitĂ©ration / lettre) : les neurosciences ont montrĂ© que la rĂ©ponse fausse est parfois tellement plus logique, ou du moins, le locuteur se crĂ©e sa logique, si bien qu’on n’assimile jamais parfaitement les règles âprement apprises. Et, ExpĂ©rience de maman : j’ai tout fait pour faire lire une de mes filles, et souvent dans la douleur. Un jour, elle prend seule et sans contrainte, un roman. Elle l’achève dans la foulĂ©e. Me raconte son bouleversement immĂ©diat, Ă  jamais. Votre Ă©lève finira par rencontrer ce livre-clĂ©. Elle a le temps...
Enfin, prenez de temps en temps un petit texte, pas plus de 8-10 lignes. Faites-lui lire en lui demandant de s’entraĂ®ner Ă  la vigilance : elle doit rĂ©pĂ©ter mentalement pour chaque mot ou terminaison « Ă©trange », cette phrase : « Ah, NOTAMMENT, une T mais 2 M, je dois retenir ! »
J’ai fait ça pendant des annĂ©es. Primo-arrivant, l’orthographe Ă©tait mon cauchemar !


Ce document constitue une synthèse d’échanges ayant eu lieu sur le groupe Facebook de WebLettres, suite à une demande initiale postée sur ce même groupe. Cette compilation a été réalisée par la personne dont le nom figure dans ce document. Fourni à titre d’information seulement et pour l’usage personnel du visiteur, ce texte est protégé par la législation en vigueur en matière de droits d’auteur. Toute rediffusion à des fins commerciales ou non est interdite sans autorisation. © WebLettres

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