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Article : [641] - Lapidations verbales


lundi 26 octobre 2009

Par François Freby

Il s’agissait de trouver des exemples de « lapidations verbales » dans des Å“uvres littéraires.
Synthèse mise en ligne par Valentine Dussert.

Théâtre

  CORNEILLE P., Horace, les imprécations de Camille (les fameux « Rome [...] Rome » anaphoriques) ou l’échange entre Horace et Curiace dans l’acte II, scène 3 (« [Horace] Et pour trancher enfin ces discours superflus, / Albe vous a nommé, je ne vous connais plus. / [Curiace] Je vous connais encore, et c’est ce qui me tue »).
  MOLIERE, Le Misanthrope, le règlement de comptes entre Arsinoé et Célimène (III, 4), ou les portraits faits par Célimène dans les lettres adressées aux « petits marquis ».
  MUSSET (de) A., On ne badine pas avec l’amour, les propos de Camille à Perdican (III, 6).
  RACINE J., Andromaque, les propos de Pyrrhus à Hermione (IV, 5), ou d’Hermione à Oreste (V, 4).
  ROSTAND E., Cyrano de Bergerac, la joute verbale ô combien assassine entre Cyrano et le marquis Valvert (acte I).

Lettres de rupture romanesques

  BALZAC (de) H., Le Lys dans la vallée, lettre de Natalie de Manerville à Félix de Vandenesse :
 »De grâce, défaites-vous d’une détestable habitude ; n’imitez pas les veuves qui parlent toujours de leur premier mari, qui jettent toujours à la face du second les vertus du défunt. Je suis Française, cher comte ; je voudrais épouser tout l’homme que j’aimerais, et je ne saurais en vérité épouser Madame de Mortsauf. (...) Vous avez manqué de tact envers moi, pauvre créature, qui n’ai d’autre mérite que celui de vous plaire ; vous m’avez donné à entendre que je ne vous aimais ni comme Henriette, ni comme Arabelle. J’avoue mes imperfections, je les connais ; mais pourquoi me les faire si rudement sentir ? Savez-vous pour qui je suis prise de pitié ? pour la quatrième femme que vous aimerez. Celle-là sera nécessairement forcée de lutter avec trois personnes ; aussi dois-je vous prémunir, dans votre intérêt comme dans le sien, contre le danger de votre mémoire. Je renonce à la gloire laborieuse de vous aimer... »
  GIDE A., Les Faux Monnayeurs, lettre de Bernard Profitendieu à son père (« Je signe du ridicule nom qui est le vôtre, que je voudrais pouvoir vous rendre, et qu’il me tarde de déshonorer »).
  LACLOS, Les Liaisons dangereuses, lettre de rupture de Valmont à Tourvel, inspirée par Merteuil (dans la lettre 141), « Ce n’est pas ma faute... »
  MALRAUX A., La Condition humaine, lettre de Valérie à Ferral (4e partie, « Six heures »).
  MONTESQUIEU, Lettres persanes, lettre de rupture de Roxane (dernière lettre).

Récits

  CHEVILLARD E., Démolir Nisard.
  COHEN A., Belle du seigneur, quand Solal explique son projet de séduction à Ariane :
« Il y avait même deux chevaux [il s’était préparé à l’enlever] ! Le second était pour toi, idiote, et nous aurions chevauché à jamais l’un contre l’autre, jeunes et pleins de dents, j’en ai trente-deux, et impeccables, tu peux vérifier et les compter, ou même je t’aurais emportée en croupe, glorieusement vers le bonheur qui te manque ! Mais je n’ai plus envie maintenant, et ton nez est soudain trop grand, et de plus il luit comme un phare, et c’est tant mieux, et je vais partir ! Mais d’abord, femelle, écoute ! Femelle, je te traiterai en femelle, et c’est bassement que je te séduirai, comme tu le mérites et comme tu le veux. A notre prochaine rencontre, et ce sera bientôt, en deux heures je te séduirai par les moyens qui leur plaisent à toutes, les sales, sales moyens, et tu tomberas en grand imbécile amour, et ainsi vengerai-je les vieux et les laids, et tous les naïfs qui ne savent pas vous séduire, et tu partiras avec moi, extasiée et les yeux frits ! En attendant, reste avec ton Deume [son mari] jusqu’à ce qu’il me plaise de te siffler comme une chienne ! » [Après l’avoir traité de goujat, Ariane seule, examine longuement son nez dans la glace. Beaucoup plus loin, il y a l’énoncé des fameux « manèges », autrement dit les « sales moyens » qui permettent de séduire une femme : une assez bonne désacralisation de la femme et de l’amour.]
  COHEN A., Ô vous frères humains, récit de l’auteur d’une rencontre avec un camelot antisémite de Marseille ; voir sur le site Fabula un programme de colloque qui permet de trouver des idées pour exploiter ce texte.
  DUROY L., Ecrire (livre d’inspiration autobiographique), quand sa femme dit au narrateur : « Tu sais, Marc, c’est étrange ce que je ressens [...], j’ai bcp de peine pour toi et, en même temps, je n’arrive plus à me sentir concernée [...] C’est comme si tu étais mort en moi, maintenant ».
  GERMAIN S., Magnus, une femme dit à un homme qui l’aime (c’est là qu’on trouve l’expression « lapidation verbale ») :
« Je m’ennuie avec toi, je m’ennuie à mourir. Je ne t’aime pas. Je ne t’ai jamais aimé et jamais ne t’aimerai. Je n’aime rien de toi, ni ta voix, ni ton corps, ni ta peau ni ton odeur. Tout en toi me dégoûte et m’insupporte. Je voudrais te voir disparaître. Mais cela ne suffirait pas encore, je voudrais ne t’avoir jamais connu. Jamais. »
  MAUPASSANT (de) G., Mots d’amour (nouvelle, 1882).
  PERGAUD L., La Guerre des boutons, le très plaisant duel des Longeverne contre les Velrans, tout au début - un régal en langue régionale.
  PROUST M., Sodome et Gomorrhe, à M. Verdurin qui prétend n’attacher « aucune importance aux titres de noblesse » et croit s’excuser d’une faute de préséance par cette remarque : « Mais enfin puisqu’il y avait justement M. de Cambremer et qu’il est marquis, comme vous n’êtes que baron... », Charlus répond en l’interrompant : « Permettez, (...) je suis aussi duc de Brabant, damoiseau de Montargis, prince d’Oléron, de Carency, de Viareggio et des Dunes. D’ailleurs cela ne fait absolument rien. Ne vous tourmentez pas, ajouta-t-il en reprenant son fin sourire, qui s’épanouit sur ces derniers mots : J’ai tout de suite vu que vous n’aviez pas l’habitude. »
  VALLES J., L’Enfant, ce que l’enfant pense de sa mère à la fin (« J’ai à vous dire autre chose encore ; - malgré moi je me souviens des jours, où, tout enfant, j’ai souffert de votre colère. Il me passe parfois des bouffées de rancune, et je ne serai content, voulez-vous le savoir, que le jour où je serai loin de vous ! ».

Autres références littéraires

  CELINE, A l’agité du bocal (contre Sartre), récemment réédité (2006) aux Carnets de l’Herne (« Je le vois en photo... ces gros yeux... ce crochet... cette ventouse baveuse... c’est un cestode ! »).
  CICERON, Première Catilinaire (VI).
  KAFKA F., Lettre au père.
  LAUTREAMONT.
  SAINT-SIMON, Mémoires.
  Surréalistes, pamphlet Un cadavre sur la mort d’Anatole France.

Au cinéma

  VISCONTI L., Senso, à la fin, la terrible déclaration de l’officier à sa maîtresse, qui du coup court le dénoncer comme déserteur (il est fusillé).


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