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Article : [593] - Le travestissement sexuel au théâtre


jeudi 17 juillet 2008

Par Christophe Merlant

Il s’agissait de trouver des informations sur le travestissement sexuel au théâtre, et particulièrement les femmes jouant les rôles d’hommes.
Synthèse mise en ligne par Valentine Dussert.

Les hommes interprétant les rôles féminins : l’usage au moins jusqu’au XVIe siècle

  Dans le théâtre antique, les femmes ne jouaient pas, et les rôles féminins étaient tenus par des hommes. Les masques servaient, entre autres fonctions, à permettre cela. Toutefois, peut-être y avait-il des femmes dans les chÅ“urs ?
  Il faut attendre une période assez récente à Rome pour que l’on trouve des actrices, et uniquement dans le genre du mime. La comédienne n’arrive vraiment sur scène qu’à partir du XVIe siècle, d’abord en Italie dans la commedia dell’arte.
  Toutefois, à l’époque puritaine du théâtre élisabéthain, les femmes n’avaient pas le droit de jouer sur scène, et les rôles féminins étaient encore interprétés par des hommes (Juliette par exemple, ou Cordelia interprétée par l’acteur qui jouait également le fou du Roi Lear).
  Dans la farce et jusqu’à Corneille, des personnages féminins comme la fâcheuse, la mégère, la duègne, la vieille femme étaient souvent interprétés par des hommes, ce qui permettait notamment de les ridiculiser davantage (voir par exemple Mme Pernelle dans Tartuffe).
  Pour des compléments, voir notamment L’Histoire du théâtre dessinée d’André DEGAINE, ed. Nizet.

Quand l’intrigue impose le travestissement d’une femme en homme

  GOLDONI C., Arlequin serviteur de deux maîtres : une femme, pour avoir les coudées franches, se fait passer pour son frère.
  MARIVAUX, Le Prince travesti : une femme se travestit temporairement en homme.
  MOLIERE, Le Malade imaginaire : travestissement de Toinette.
  SHAKESPEARE W., La Nuit des Rois : une femme se travestit temporairement en homme.

Rôles masculins souvent joués par des femmes

  BEAUMARCHAIS, Le Mariage de Figaro : le personnage de Chérubin était souvent joué par une femme, comme le recommande l’auteur dans le paratexte (« Caractères et habillements de la pièce ») : « ce rôle ne peut être joué, comme il l’a été, que par une jeune et très jolie femme, nous n’avons point à nos théâtres de très jeune homme assez formé pour en bien sentir les finesses ».
  MUSSET (de) A., Lorenzaccio : le rôle principal est souvent interprété par une femme.
  Voir le paragraphe « Rôle travesti » dans l’article Wikipedia sur l’emploi au théâtre : de nombreux exemples de rôles masculins tenus par des femmes, et de rôles féminins tenus par des hommes, avec les comédiens qui s’y sont essayés.

Des actrices ayant interprété des rôles masculins

  Sarah BERNHARDT est célèbre pour avoir interprété l’Aiglon dans la pièce de ROSTAND.
  A Avignon en 2007, dans Le Roi Lear de SHAKESPEARE mis en scène par Sivadier, Norah KRIEFF jouait à la fois le fou du roi et le personnage de Cordelia.
  L’étonnante Juliette PLUMECOQ-MECH a joué Mati dans Maître Puntila et son valet Mati de BRECHT (mise en scène d’Omar Porras en 2008) et un non moins étonnant et excellent Revizor dans la pièce de GOGOL (mise en scène de Christophe Raucq en 2007). Beaucoup de spectateurs n’y ont vu que du feu.

Compléments

  Les pièces de RACINE Esther et Athalie ont été écrites pour les pensionnaires de Saint-Cyr : dans toutes les écoles de jeunes filles, on a connu par nécessité ce genre de travestissement.
  Le kabuki, théâtre japonais né au XVIIe siècle, est joué uniquement par des femmes, qui interprètent des rôles d’hommes.
  Dans Le Portrait de Dorian Gray de WILDE, il y a une comédienne qui joue un rôle d’homme et que Dorian va voir. On trouve aussi cela dans Mlle de Maupin de GAUTIER.
  Concernant le ballet : en France, sous le Second Empire, il n’y avait plus de danseurs, ou ils étaient très rares dans les troupes, même à l’Opéra. Les raisons, entre autres : le développement du sport, le rapport au corps des hommes (corps puissant, dans l’efficacité et la productivité, lié au développement économique), le goût des abonnés pour l’anatomie féminine. Ainsi, à partir de 1870, on voit se développer une pratique qui consiste à confier le rôle masculin à une femme travestie. Eugénie FIOCRE crée ainsi Frantz dans Coppélia (chorégraphie d’Arthur SAINT-LEON, musique de DELIBES, 1870, Opéra de Paris), ballet inspiré de l’Homme au Sable d’HOFFMANN. Voir le Dictionnaire de la Danse Larousse, à l’article « Travesti ».
  Voir aussi la synthèse WebLettres n°85, Personnages travestis.


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