WebLettres : Dossiers et synthèses

Localisation dans les rubriques :
Les synthèses des listes collège et lycée Les synthèses de la liste Profs-L


Article : [1067] - Aborder les attentats terroristes


dimanche 15 novembre 2015

Par Murielle TaĂŻeb

Il s’agissait d’échanger sur la manière d’aborder les attentats terroristes du 13 novembre à Paris avec nos élèves lundi matin.

Compilation des messages des colistiers

Le temps de l’écoute

  « N’y a-t-il pas d’abord Ă  les Ă©couter longuement (et ce, quoi qu’ils disent, mĂŞme si cela nous choque...) ? »

  « Tous nos trĂ©sors de sensibilitĂ© et de culture aggravent parfois notre sentiment de responsabilitĂ©, de culpabilitĂ© et d’impuissance juste après le choc :
Qu’avons-nous fait ? Qu’aurions-nous dĂ» faire ? Qu’allons-nous dire ? Que pouvons-nous rĂ©ussir ?
Comment retrouver notre place de maĂ®tre alors que nous ne savons pas quoi dire et que l’impuissance nous submerge ?
Dans l’immĂ©diat, j’ai le sentiment qu’il faut redonner sens Ă  notre place dans une cohĂ©sion de partage avec les Ă©lèves, pas nĂ©cessairement soutenir un message et une parole, mais leur montrer que l’humanisme, c’est l’Ă©cole, c’est nous ensemble.
Les Ă©couter, les entendre, leur apprendre Ă  s’Ă©couter, Ă  s’entendre.
Bien sĂ»r en s’appuyant sur notre mĂ©tier, sur la culture humaniste universelle et ses Ă©chos sensibles dans nos histoires subjectives. »

Le temps des Ă©changes

  « Un lieu sportif, une salle de spectacle, des terrasses de cafĂ© ou de restaurant, que reprĂ©sentent ces lieux ? Lieux de communion, de culture et de dĂ©tente, hors du temps des prĂ©occupations du quotidien, de la politique et c’est vrai, des tourments du monde... Un vendredi soir, temps de la rupture, de la parenthèse, de l’abandon Ă /de soi et aux/des autres... Le jour de la gentillesse, les terroristes le savaient-ils ? Jour de chance ou de malchance pour certains ? On ferme les théâtres, les cinĂ©mas, les bibliothèques. On arrĂŞte les rencontres sportives. On interdit les manifestations. On demande aux gens de rester chez eux. Soit.
Je crois que c’est peut-ĂŞtre d’abord Ă  cela que je les inviterais Ă  rĂ©flĂ©chir...
Et puis, ensuite aux consĂ©quences et aux buts - peut-ĂŞtre - recherchĂ©s : Le clivage, le repli sur soi, la peur...
Et eux, oĂą en sont-ils ? Je crois que c’est cela qui m’inquiète le plus... Ce dĂ©sir de rĂ©ponses lĂ  oĂą les questions sont tellement plus intĂ©ressantes mais moins confortables. Ce besoin de plus en plus prĂ©gnant de se classer, de se caser dans une religion (confondue avec "race"), une croyance politique. D’ailleurs les rĂ©ponses sont l’affaire des religions, les questions, celle des philosophes, des penseurs... Ce mouvement vers des pensĂ©es rĂ©trogrades, radicales, intolĂ©rantes pour beaucoup d’entre eux : non aux homosexuels, non Ă  l’avortement, oui Ă  la femme au foyer, Ă  l’argent et pourquoi pas la dictature : vive le progrès !
L’Humanisme et les Lumières me semblent bien loin... et je le regrette, de leurs prĂ©occupations. Qu’est-ce que nous, enseignants avons-nous fait ou pas fait ? Qu’est-ce que les parents ont transmis ou ne transmettent plus ? Et si, la sociĂ©tĂ© - nous, les citoyens et eux, ceux qui nous gouvernent - avait nĂ©gligĂ© l’humain ?
Bref, tout cela est très confus et je suis triste...
Je ne sais pas si je parlerai de tout ça, lundi...
Faut-il faire une expo sur la tolĂ©rance ? Ne faut-il pas plutĂ´t leur demander de se poser des questions sur la tolĂ©rance ? Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi faut-il ĂŞtre tolĂ©rant ? Est-ce que la tolĂ©rance supporte les exceptions ? Quand sommes-nous intolĂ©rants ? etc Et leur offrir le silence de la rĂ©flexion...
J’aimerais tellement que l’Éducation Nationale donne de l’espace au questionnement, Ă  la parole - Ă©changĂ©e, gratuite et pacifique ! »

  « La seule rĂ©ponse Ă  apporter Ă  cette barbarie c’est de proclamer la fiertĂ© de notre langue, de notre culture, de notre nation.
Les Ă©lèves ne savent plus rien ou presque de la Renaissance ou de l’humanisme. Cet "objet d’Ă©tude" est rĂ©servĂ© aux classes de L... N’est-il pas temps de le ramener Ă  la place qu’il n’aurait jamais dĂ» quitter, au centre de notre enseignement de lettres, comme de tout enseignement d’ailleurs ?
Parlons aussi des idĂ©es des Lumières, de la tolĂ©rance, de l’idĂ©e de nation. La nation cette idĂ©e galvaudĂ©e et diffamĂ©e, mais pourtant si belle et si vivante : la seule chose qui fasse que des musulmans, des juifs, des catholiques et des athĂ©es, des jeunes des quartiers nord et des filles du Prado, de la Courneuve ou de Passy, puissent se sentir encore un destin commun ! On dĂ©pense tellement d’argent dans notre Éducation Nationale en animations diverses, parfois oiseuses ou dĂ©magogiques... Pourrions-nous inculquer l’idĂ©e sublime de la nation, portĂ©e autrefois par les penseurs des Lumières, et reprise en chemin, par les va-nu-pieds de Valmy ? »

  « Avec une rĂ©solution qui entre dans le cadre de notre fonction : inciter nos Ă©lèves Ă  Ă©changer mais en veillant au choix des mots justes, Ă©viter l’utilisation d’hyperboles dans leur parole qui « cristalliserait » une situation de mĂ©fiance sociale. »

  « Pour moi, la lecture de textes littĂ©raires reste la meilleure solution : on a un support, souvent issu d’une autre Ă©poque, donc on a aussi la distance (temporelle, culturelle, gĂ©ographique...). La semaine dernière j’Ă©tudiais le dĂ©but du chapitre 3 de Candide, en comparaison avec un extrait de l’article « Paix » de Damilaville. Et nous en sommes arrivĂ©s Ă  citer les risques de massacres au Burundi. Le lien avec Paris devient possible. Et je reste ainsi dans l’Ă©tude de textes, pas dans la discussion directe sur l’actualitĂ© avec les dĂ©rives que cela comporte. »

  « A dĂ©faut d’être la meilleure solution, la littĂ©rature sert aussi Ă  Ă©tayer des dĂ©bats autour de ces questions fondamentales ; les auteurs retenus pour l’étude de leurs textes le sont parce que ces textes ont quelque chose Ă  dire, qui n’a rien d’un discours angĂ©lique. Mais le français est assez dĂ©criĂ© ces dernières annĂ©es... “A quoi ça sert” ?
Citations intĂ©ressantes ce soir dans l’émission de Ruquier (on n’aime ou on n’aime pas...) dont celle-ci de Camus :
“Chaque gĂ©nĂ©ration, sans doute, se croit vouĂ©e Ă  refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-ĂŞtre plus grande. Elle consiste Ă  empĂŞcher que le monde se dĂ©fasse.”
Une autre citation qui peut avoir l’air d’être un contre-sens, ainsi sortie de son contexte, mais peut-ĂŞtre pas tant que ça :
Merteuil Ă  Valmont : “ la guerre.”
RĂ©flexions plus personnelles :
Je passe sur la Bible qui n’est pas Ă©tudiĂ©e en tant que telle au lycĂ©e, mais les textes de l’AntiquitĂ© nous rappellent que la mort, comme la guerre avec ses atrocitĂ©s, faisaient partie intĂ©grante de la vie (rapportĂ©e Ă  l’échelle d’une vie humaine). Pourquoi notre gĂ©nĂ©ration serait-elle Ă©pargnĂ©e ? Si vis pacem...
Ou faut-il penser comme le Bardamu de CĂ©line, qui prĂ©figure un certain refus de la guerre dans Voyage au bout de la nuit :
”Oh ! Vous ĂŞtes donc tout Ă  fait lâche, Ferdinand ! Vous ĂŞtes rĂ©pugnant comme un rat… - Oui, tout Ă  fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu’il y a dedans… Je ne la dĂ©plore pas moi… Je ne me rĂ©signe pas moi… Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu’elle contient, je ne veux rien avoir Ă  faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c’est eux qui ont tort, Lola, et c’est moi qui ai raison, parce que je suis le seul Ă  savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir.”
Avec les kamikazes, la lâchetĂ© aujourd’hui prend une autre dimension... Personnellement, je prĂ©fère de loin celle de Bardamu. »

  « Je dĂ©marre Ă  9h, avec ma 1ère S en français ; nous avons travaillĂ© sur l’argumentation, Ă  partir du thème de la guerre. S’ils ont besoin de parler, nous parlerons. S’ils ont dĂ©jĂ  beaucoup Ă©vacuĂ© oralement pendant l’heure prĂ©cĂ©dente, je leur proposerai d’Ă©crire, ou de dessiner, parce que ça fait du bien et que ça leur permettra de rĂ©utiliser ce qu’ils ont lu... »

  « Concernant le deuil collectif et ses effets.
Dans une classe de BTS avec laquelle je travaille, la semaine dernière a Ă©tĂ© très douloureuse, suite au dĂ©cès accidentel d’un de leur camarade durant les vacances. Avant de retrouver le fil de l’activitĂ© vers l’examen, alors que nous Ă©tions tous bouleversĂ©s, il nous a fallu exprimer notre compassion et notre douleur dans ce cadre scolaire qui n’est pas du tout prĂ©vu pour. Une sĂ©ance très bĂ©nĂ©fique avec la C.O.Psychologue a aidĂ© les Ă©tudiants Ă  exprimer, au sens Ă©tymologique du terme, ce qui fait mal, et mĂŞme très mal, si ça reste enfermĂ© et passĂ© sous silence. Notamment les rumeurs qui ont suivi l’accident ; elles m’ont paru proprement inouĂŻes dans leur faussetĂ©, leur cruautĂ© et leur intensitĂ© nuisible.
Il m’est arrivĂ© souvent de travailler sur le thème des rumeurs en BTS lorsque le sujet surgit. MĂŞme si l’exercice Ă©tait mĂ©thodique et techniquement fructueux, l’activitĂ© a toujours Ă©tĂ© assez artificielle : une tâche scolaire, imposĂ©e par ma seule bonne intention.
La semaine dernière, j’ai compris dans un cas très concret, la raison pour laquelle les rumeurs arrivent, pourquoi il faut agir dessus immĂ©diatement et comment.
Je vais donc laisser la parole aux Ă©lèves et aux Ă©tudiants, en veillant Ă  rĂ©guler cette parole pour qu’elle signifie avec exigence et dignitĂ© la cohĂ©sion de notre collectivitĂ©.
Et si jamais j’entends parler de rumeurs, on lancera le travail lĂ -dessus, ça c’est sĂ»r.
Peut-ĂŞtre avec ce type de page :
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/11/14/attentats-de-paris-quelques-conseils-pour-ne-pas-se-faire-avoir-par-des-rumeurs_4810120_4355770.html?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#link_time=1447528345
Bref, il n’y a pas forcĂ©ment grand chose Ă  dire, mais il y a de quoi faire. »

  « J’ai la charge cette annĂ©e de l’enseignement "LittĂ©rature et sociĂ©tĂ©". L’annĂ©e dernière, j’avais, hĂ©las "improvisĂ©" une sĂ©ance sur Charlie. Je vais faire de mĂŞme cette annĂ©e mais de façon très simple, sans entrer dans les dĂ©tails. Je vais revenir sur les lieux touchĂ©s, sur ces symboles du plaisir, de la dĂ©tente, de la culture aussi et leur demander de rĂ©flĂ©chir lĂ -dessus. Rien de plus. »

  « Je veux leur montrer, comme prĂ©vu, cet extrait de La Nuit amĂ©ricaine de Truffaut : https://www.youtube.com/watch?v=09yrru1ny-8
Magnifique élan collectif qui entraîne les intelligences, les énergies individuelles, vers la réalisation d’un film.
Les images, la musique, et la voix de Bernard Menez qui invite Ă  l’apĂ©ro, pour sortir du cauchemar. Truffaut dit dans l’extrait : « L’équipe est bien soudĂ©e, les problèmes personnels ne comptent plus, le cinĂ©ma règne. » J’espère que cet esprit va rassembler demain, et après, l’Ă©quipe de l’établissement, que la minute de silence se fera ensemble, pour marquer la rĂ©probation gĂ©nĂ©rale Ă  l’égard de ces actes abjects et mettre en commun les Ă©motions qu’ils soulèvent en chacun de nous. »

  « VoilĂ  deux fois en une seule annĂ©e que nous sommes confrontĂ©s, en tant qu’enseignants, Ă  la nĂ©cessitĂ© de rĂ©agir Ă  de tels actes dans le cadre de notre mĂ©tier.
Pour ma part, comme en Janvier dernier, j’essaierai de redonner espoir aux Ă©lèves en leur rappelant d’autres pĂ©riodes sombres de notre Histoire, pĂ©riodes que nous avons traversĂ©es, assumĂ©es et dĂ©passĂ©es.
En particulier, je commenterai avec les Ă©lèves le texte de Camus Ă©crit durant la Guerre Froide oĂą la terreur semblait anĂ©antir tous les espoirs, les idĂ©aux, les engagements : http://lettres.ac-rouen.fr/archives_bac/annales/a96.html
Bien sĂ»r le contexte Ă©tait diffĂ©rent, le conflit aussi, mais le sentiment tragique Ă©tait identique ; pourtant, tout en exprimant son impuissance devant l’inĂ©luctable, paradoxalement Camus tente une nouvelle fois de restaurer des valeurs humanistes : l’amitiĂ©, le respect humain, la communication, le rĂ©confort apportĂ© par la Nature, parce qu’il ne peut fondamentalement pas se rĂ©signer Ă  un futur sans avenir.
Nos Ă©lèves sont la jeunesse d’aujourd’hui, ce sont eux qui feront le monde de demain. C’est Ă  nous de leur donner des raisons de le faire en portant des valeurs de tolĂ©rance et de paix.
J’aime aussi Ă  leur relire le texte de Voltaire "Prière Ă  Dieu", qui est bien plus une prière aux hommes et qui rĂ©sonne dans le contexte actuel comme un message de foi en l’humanitĂ© : http://www.etudes-litteraires.com/voltaire-tolerance.php. C’est l’occasion de leur rappeler les valeurs portĂ©es par les philosophes des Lumières au pĂ©ril de leur vie parfois, et sur le long terme.
Enfin, pour essayer de leur donner le courage de continuer malgrĂ© tout, je leur donne l’exemple de l’Ă©crivain Taslima Nasreen interviewĂ©e par Amnesty International en 2003 et qui se termine par : "je continuerai Ă  faire ce que je dois faire" cf. http://www.amnesty.be/archives-2708/archives/arch_violences-contre-les-femmes/droits-des-femmes/Temoignages/article/taslima-nasreen-ou-la-force-de-la
J’aurai aussi une heure d’AP en 1ère demain, en demi-classe. S’ils sont d’accord, j’ai pensĂ© leur proposer d’Ă©crire une rĂ©action personnelle Ă  ces violents Ă©vènements, anonymement, je redistribuerai au hasard les contributions et chacun lira celle qui lui sera Ă©chue : ceci devrait permettre de dĂ©battre sans personnaliser les propos, ni cristalliser les postures idĂ©ologiques. Peut-ĂŞtre pourront-ils ainsi prendre conscience de la diversitĂ© des opinions, des rĂ©actions mais aussi de ce qui les rapproche au delĂ  de leurs diffĂ©rences.
VoilĂ  quelques pistes, bien sĂ»r c’est difficile de dĂ©passer notre Ă©motion personnelle pour aider les Ă©lèves Ă  prendre du recul et Ă  se ressaisir, mais nous avons l’opportunitĂ©, nous les profs de français, de pouvoir le faire Ă  travers l’art et la littĂ©rature : or, Ă  travers l’attaque du Bataclan, c’est aussi cela qui a Ă©tĂ© atteint. Ne faisons pas le jeu des terroristes en nous laissant abattre et continuons Ă  montrer que c’est la culture qui nous rend libres. »

Le temps de la routine du travail

  « Je pense aussi qu’il faut considĂ©rer qu’ils en auront parlĂ© ou entendu parler tout le week-end, et qu’il y a surtout Ă  "continuer Ă  vivre", donc Ă  s’instruire et travailler (ça je le dirai, c’est certain). L’instruction, rempart Ă  la barbarie. Ce n’est pas comme si les Ă©vĂ©nements avaient eu lieu une nuit de la semaine. Enfin, comme c’est le dĂ©but d’une liste d’autres faits qui vont arriver, il ne faudra pas, sans cesse, arrĂŞter nos activitĂ©s habituelles. »

  « Comme vous, je me demande comment je vais faire lundi (tout comme je me suis posĂ© la question du 12 septembre 2001, et du 8 janvier dernier...). Je pense que cela dĂ©pend des classes, de l’Ă©tablissement (gĂ©ographiquement, et socialement...) et de ... l’heure. Lundi Ă  huit heures, c’est Ă©vident, nous n’aurons pas le choix ; en fin d’après-midi, si les Ă©lèves ont parlĂ© et dĂ©battu longuement, peut-ĂŞtre auront-ils besoin, Ă©galement, de revenir au quotidien rassurant que reprĂ©sente le travail scolaire... Pour ma part, je pense leur poser la question très sincèrement (le 8 janvier dernier, le matin, les Ă©lèves avaient eu besoin de parler, et l’après-midi deux des classes m’avaient demandĂ© de les faire travailler...).
Il y a quelques annĂ©es, dans des circonstances très diffĂ©rentes mais aussi Ă©prouvantes (Ă  une autre Ă©chelle : une des Ă©lèves du collège dans lequel j’enseignais s’Ă©tait dĂ©fenestrĂ©e pendant le cours d’un collègue), j’avais interrogĂ© l’intervenante "cellule psychologique" du rectorat venue en urgence. J’en ai retenu qu’il me fallait rester moi-mĂŞme (une adulte qui vit dans la rĂ©alitĂ© mais qui n’a pas rĂ©ponse Ă  tout), ne pas fuir la parole des Ă©lèves, mais ne pas me sentir coupable de les faire travailler (peut-ĂŞtre avec des ambitions plus modestes que d’habitude), parce que le quotidien scolaire, c’est une routine qui rassure...
VoilĂ . Je me sens dĂ©munie, mais je vais tenter lundi de me souvenir de ces conseils, et prĂ©voir plusieurs possibilitĂ©s pour chaque classe. »

  « Je lis avec beaucoup d’intĂ©rĂŞt tous les messages relatifs aux attentats.
J’enseigne en collège et en lycĂ©e et je ne pense pas aborder le problème avec mes collĂ©giens.
Je me dis qu’ils sont très jeunes et que je ne suis pas formĂ©e pour parler de telles atrocitĂ©s avec un "public" aussi sensible.
N’oublions pas qu’Ă  vouloir peut-ĂŞtre remplir une mission qui nous dĂ©passe, on peut leur faire plus de mal que de bien... N’oublions pas non plus que nos Ă©lèves ont des parents... et que c’est leur responsabilitĂ© Ă  eux Ă©galement. »

Des textes pour mieux réfléchir

Notre arme Ă  nous c’est la culture...

  ELUARD P., « La Victoire de Guernica »
Je travaillais au LycĂ©e français de Madrid lorsque les attentats du 11 mars 2004 ont eu lieu. Je leur avais lu ce poème. Sans commentaire. Laisser le silence. Sans dĂ©cortiquer après. Ont parlĂ© ceux qui voulaient parler. Textes de mes Ă©lèves des LycĂ©es Français de Montevideo, Madrid et Barcelone : http://www.diablosconvertidosenpoetaslagrimasenrosas.es.tl
  MARCOWICZ A., « Matin, la nuit…. »
  OZ Amos, Comment guĂ©rir un fanatique ? Ă©d. Gallimard, 2003, p. 38-39 et p. 44-46.
  VERLAINE, Poèmes divers, « Mort ! »
  Collectif, Le Peuple des Lumières, Ă©ditions Ker.

  « Je m’occupe de la Première L cette annĂ©e et je crois que les littĂ©raires ont une mission particulière : expliquer l’Humanisme, expliquer les Lumières. »

  « L’humanisme, ce mot qui prend sens au XVIe siècle, le garde heureusement au-delĂ .
Notre sensibilité nous guidera vers les références utiles à notre métier de passeur.
Un Ă©cho Ă  Bardamu, le "Refus d’obĂ©issance" de Giono. En Ă©cho Ă  Eluard la poĂ©sie d’Abdellatif Laâbi, de Salah Al Hamdani, de Omar Youssef Souleiman...
Un outil qui m’est bien utile en ce domaine :
http://www.itineraireshumanistes.org/?page_id=14 »

Et après ?

  Une exposition sur la tolĂ©rance :
« Je vais sans doute demander Ă  mes Ă©lèves d’organiser une exposition au CDI. Peut-ĂŞtre aussi une crĂ©ation d’affiches sur le principe de tolĂ©rance. On pourrait peut-ĂŞtre aussi faire venir des confĂ©renciers dans le lycĂ©e. »

Des sites pour trouver d’autres pistes

  Le CafĂ© pĂ©dagogique :
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/11/14112015Article635831168996990353.aspx
  Eduscol  :
http://eduscol.education.fr/cid95370/savoir-accueillir-la-parole-des-eleves-apres-les-attentats-terroristes-en-ile-de-france.html
  L’École de demain :
https://ecolededemain.wordpress.com/2015/11/14/comment-en-parler-avec-nos-eleves/
  Le Monde :
https://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/portfolio/2015/11/15/les-hommages-dessines-de-nos-lecteurs_4810388_4809495.html
  Les Cahiers pĂ©dagogiques :
http://cercles.cahiers-pedagogiques.com/fil/360830/parler-des-attentats-avec-les-eleves


Ce document constitue une synthèse d’Ă©changes ayant eu lieu sur
Profs-L (liste de discussion des
professeurs de lettres de lycée) ou en privé, suite à une demande initiale
postée sur cette même liste. Cette compilation a été réalisée par la
personne dont le nom figure dans ce document. Fourni Ă  titre d’information
seulement et pour l’usage personnel du visiteur, ce texte est protĂ©gĂ© par la
lĂ©gislation en vigueur en matière de droits d’auteur. Toute rediffusion Ă 
des fins commerciales ou non est interdite sans autorisation.

© WebLettres
Pour tout renseignement : Contact
</CENTER >

- Dernières publications de Murielle TaĂŻeb :

[1 194] - Lecture cursive avec La DĂ©claration des droits de la femme et de la citoyenne

[1 192] - Personnage en colère

[1 191] - Personnage insensible (HLP Terminale)

[1 190] - Menace d’une mort prochaine (HLP Terminale)

[1 175] - Films sur le sport



- Les derniers articles dans la même rubrique :

[1 205] - Les manipulations grammaticales

[1 204] - Le travail comme Ă©mancipation

[1 203] - Inciter Ă  la lecture



Si vous souhaitez publier une synthèse,
merci de contacter directement Corinne Durand Degranges.
Si vous souhaitez proposer un article, utilisez cette page : https://www.weblettres.net/index3.php?page=contact.


Contact - Qui sommes-nous ? - Album de presse - Adhérer à l'association - S'abonner au bulletin - Politique de confidentialité

© WebLettres 2002-2024 
Positive SSL