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Article : [129] - Méthodologie pour la dissertation en classe de Seconde


vendredi 27 février 2004

Par Stéphane Derbékian , Par Marie-Pierre

On trouve ici des propositions de séances pour aider les élèves de Seconde dans leur apprentissage de la dissertation.
Dernière modification le 02/07/08 par Catherine Briat.

Première proposition

  On commence par traiter un sujet en classe (prévoir 2 à 3 h), c’est-à-dire que je leur donne un sujet et je les laisse découvrir ce que c’est qu’un sujet de dissertation. Après quelques minutes, je leur demande ce qu’on fait avec « Ã§a ». Réponse : on lit.
  Et ensuite ? On essaie de comprendre. D’accord. Et ensuite ? Là, généralement ça coince, donc je leur conseille de repérer les mots essentiels du sujet, puis je leur demande ce que ces mots évoquent pour eux, à quoi ça leur fait penser, si on peut mettre en parallèle avec ce qu’on a vu en cours etc. (l’analyse, donc)
  Arrive la délicate étape de la problématique : je leur laisse du temps pour y réfléchir, puis mise en commun, et avec de la chance il y en a une pas trop mal dans le lot, sinon, j’ai la mienne.
  Ensuite, c’est le problème du plan : en général je donne un sujet type discussion donc plan en 3 parties (thèse / antithèse/ synthèse). Ils ne connaissent évidemment pas alors je leur fais repérer le verbe de la consigne et je leur explique ce que l’on attend d’eux. Ils essaient d’organiser tant bien que mal les remarques et arguments qu’on a évoqués ensemble. Mise en commun.
  Enfin, on crée une fiche outil, méthode de la dissertation où les élèves reprennent les différentes étapes qu’on a effectuées ensemble. La fiche est complétée au fur et à mesure à l’occasion du traitement d’autres sujets de dissertation et dans la mesure du possible je leur fais formuler ce qu’on écrit.

Deuxième proposition

  Je pars du principe qu’il n’y a « dissertation » que sur de la matière, et notamment des idées. Donc l’idée en soi de partir d’un corpus de textes permet un minimum.
  S’y ajoute la culture (littéraire ou non) de l’élève. Sur une problématique de dissertation je commence par leur faire trouver le maximum d’Å“uvres lues récemment (dans les deux années précédentes) qui par un côté ou par un autre aborderaient cette question. Notes, questions posées, réponses données, etc.
  Ensuite une réflexion personnelle, mais toujours à partir de ce qu’ils ont lu (y compris dans le corpus), alimentée par des débats hors école, mais toujours en essayant d’éviter les « pensées toutes faites, prêtes à l’emploi » qui ressemblent à du « bon sens ».
  Trier, construire un ou deux arguments. Y rapporter un exemple au moins. Structurer à la fin.

Troisième proposition

  Je me méfie comme vous des fiches toutes prêtes. J’essaie de présenter la démarche comme quelque chose de naturel, non comme une gymnastique compliquée.
  Il y a une question, qu’il faut essayer de comprendre le mieux possible, à laquelle il faut trouver une réponse, la plus documentée et réfléchie possible. Je me sers toujours d’exemples pris en cours en les obligeant à réinvestir les textes vus.
  Leur seule difficulté est de se retenir de répondre trop vite, avec irréflexion, à la question posée ; le temps que j’impose de l’analyse de la question, sera celui de l’introduction. Celui de la réponse, la conclusion, celui des raisons qu’on a de répondre, le développement.
  Il faut plusieurs mois pour mettre en jeu cette démarche.

Quatrième proposition

  J’attends la fin d’une séquence, je donne un sujet type bac et on effectue tout le travail ensemble (repérage des mots clefs, analyse, dégager la problématique...)
  Pour la recherche des idées, je me suis servie du tableau proposé par la NRP (sujet de dissertation sur le biographique) et j’avoue que cela a bien fonctionné.
  Je leur rappelle qu’il faut se servir du travail fait en classe, du corpus et de leurs lectures.
  Toujours ensemble, nous élaborons le plan et rédigeons une introduction et une conclusion.
  Il va sans dire qu’ils repartent avec un autre sujet dans leur cartable à rendre dans les 3 semaines.

Cinquième proposition

  J’ai remarqué qu’il fallait éviter de dire qu’on fait une dissertation : j’ai donc proposé aux élèves de faire une « argumentation ».
  On a vu le sujet ensemble et j’ai surtout axé sur la mise en page (l’intro, le paragraphe, les transitions etc.). Il faut dire qu’ils connaissaient déjà mes attentes en matière de contenu, car j’avais beaucoup travaillé avec eux à la construction d’une réponse complète à une question simple.
  Toujours est-il qu’il n’y a eu aucun problème, et qu’ils ont été ravis quand ils ont appris qu’ils avaient fait une dissertation.

Sixième proposition

  J’ai travaillé à partir de René dans le cadre de l’étude du Romantisme.
  J’ai groupé mes élèves par équipes de quatre et j’ai donné à chacun un sujet de réflexion sur l’ensemble de l’oeuvre. Exemples : la nature, le personnage de René, le mal de vivre etc.
  Pendant plusieurs séances j’ai discuté avec chaque équipe du sujet pour élaborer une réflexion (travail long et difficile parce que les élèves doivent faire fructifier leur lecture de l’Å“uvre, mettre en commun des idées et les justifier par des passages relevés dans le texte de Chateaubriand.). Tout se fait en cours.
  Une fois cela mis en oeuvre, chaque groupe doit élaborer un plan de la manière la plus détaillée qui soit (inutile de préciser qu’ils réitèrent l’opération un certain nombre de fois jusqu’à ce qu’ils me donnent un plan satisfaisant.)
  Ils rédigent ensuite au brouillon et, toujours en classe, l’introduction et la conclusion (à nouveau j’exige un travail bien construit.)
  Finalement ils rédigent le dossier en entier. Je dis « dossier » parce que je leur demande de faire figurer toutes les parties, sous parties, transitions et je leur fais présenter comme un mini mémoire avec notes de bas de pages, bibliographie et table des matières. Dans mon lycée ils ont la chance de posséder plusieurs ordinateurs : la présentation du travail est donc très satisfaisante.

Septième proposition

  J’ai d’abord fait en module, à partir d’une question banale : « que peuvent apporter les livres au lecteur ? » une recherche d’arguments et d’exemples à l’oral que l’on a écrit au tableau, commenté.
  Ils ont eu deux paragraphes à rédiger : développer argument et exemple.
  Je leur ai donné une fiche méthode (qui vaut ce qu’elle vaut)
  On a pris un exemple, fait des exercices sur le plan, l’intro et la conclusion.
  Je leur ai donné un plan détaillé à faire à la maison avec introduction, conclusion et un paragraphe rédigé. Je leur ai donné la possibilité de me rendre leur brouillon à mi- parcours.

Huitième proposition : une fiche méthode

La dissertation se définit comme une argumentation construite et cohérente qui se fonde sur vos réflexions et vos connaissances littéraires ; elle prend appui sur une problématique liée à un genre littéraire et à une Å“uvre étudiée dans le cadre du programme.

Pour réussir une dissertation littéraire, il faut :
  Posséder une connaissance approfondie des Å“uvres étudiées, souvent avoir lu d’autres livres du même auteur ou du même genre ou sur le même sujet (connaissances littéraires)
  Chercher avec rigueur les enjeux d’un sujet, afin d’éviter le hors sujet
  Faire des recherches, comprendre le cours sans jamais le recopier

Les principaux types de sujets
Selon la formulation du sujet (le libellé) vous pouvez être conduit à :
  Présenter une opinion à discuter et à exprimer une position personnelle.
Ex. : Pensez-vous que... Peut-on considérer que... ?
  Expliquer un point de vue, d’analyser ou de définir une notion.
Ex. : Expliquez... Justifiez cette affirmation de... Comment définiriez-vous... ?
  Commenter et illustrer une citation ; à la à une discuter éventuellement tout en pensant à élargir les perspectives.
Ex. : Montrez que... Commentez et, s’il y a lieu, discutez cette opinion...

Le travail préliminaire
Étudier l’énoncé et dégager la problématique
Cette étape doit être effectuée au brouillon avec le plus grand soin car la pertinence du plan en dépend. L’analyse minutieuse du sujet doit vous permettre d’en dégager l’intérêt.
Repérer les composantes du sujet :
  La présentation d’une opinion, éventuellement sous forme de citation.
  L’énoncé d’une question ou d’une instruction
  Une consigne précisant la démarche à adopter. (« Discuter, commenter... »)

Souligner et analyser méthodiquement les mots clés : commenter le lexique choisi, les oppositions, les métaphores, les connotations des termes du sujet et dégager les présupposés ou les paradoxes contenus dans la citation ou le point de vue proposé. Cette première approche doit permettre d’identifier le problème posé par le sujet, d’en cerner l’intérêt majeur.
Rassembler les éléments de l’analyse à l’aide des questions suivantes : Quel thème aborde le sujet ? Quel est le problème posé ? Que faut-il montrer ?
Formuler une problématique précise, c’est-à-dire, reformuler avec vos propres mots la question posée. Faire apparaître clairement, sous forme d’interrogation, le lien entre le problème soulevé et l’Å“uvre étudiée.

Rédiger une introduction
  Je fais à chaque devoir travaillé une séance collective de recherches de 1ère étape de l’intro, avec le plus d’idées possibles, en faisant écrire par un secrétaire au tableau les différentes propositions et en travaillant à partir des exemples pour généraliser sur les procédés utilisés : les exemples que vous donniez dans votre message + quelques autres comme l’idée a contrario, les points concrets grâce à une énumération (genre "Cinéma, concerts, lecture sont des divertissements" pour arriver aux spécificités de la lecture par ex. Il peut
s’agir aussi d’une recherche par groupes au CDI avec des documents divers préparés à l’avance pour montrer l’utilisation des éléments biographiques, d’une idée générale etc.
  J’appelle cette accroche "introduction générale" et je la présente comme "le moment où l’on amène le thème du sujet","le moment où l’on montre que ce sujet est abordable pour soi, car on sait le relier à ses connaissances (ou à sa culture personnelle)". Ainsi, pour aider, je signale que pour la dissertation, il est habile de commencer par replacer le sujet dans l’objet d’étude abordé. On commence donc un devoir sur le roman par une formule sur le genre romanesque.
Sujet sur le personnage : on rappelle que le "héros" de roman a beaucoup évolué depuis les origines moyenâgeuses jusqu’à l’époque moderne. Sujet sur les décors, lieux et descriptions : on rappelle que le roman a toujours pris appui sur la réalité de ses lecteurs, depuis Chrétien de Troyes, en passant par Madame de Lafayette et les réalistes du XIXième. Ou qu’il faut bien se représenter un monde pour y voir vivre des personnages,...
Bref, je les pousse à exploiter l’historique du genre, dés que c’est possible : ils ont des connaissances en histoire
littéraire, qu’ils le montrent. Et cette accroche est toujours possible. Sinon, ils peuvent aussi souligner les
caractéristiques du genre abordé. Pour le théâtre, compte tenu de l’intitulé du programme, je leur suggère aussi de
penser aux particularités matérielles qui ont évolué depuis les origines et qui imposent des conventions particulières.
Pour la poésie, c’est plutôt le lien avec la musique et la peinture qui peuvent offrir d’autres accroches
qu’historiques, selon le sujet posé. On peut aussi évoquer les autres arts que la littérature : "la littérature, au même titre que les autres arts, est un mode d’expression". Cela aide bien pour les textes lyriques, amoureux, engagés...<brW
En gros, il faut commencer par le thème du sujet. Donc, il faut s’appuyer sur sa problématique. Se demander : "Quelle est LA question que j’aborde dans ma réflexion ? Quel rapport entre cette problématique et le genre ou le mouvement énoncé en haut du sujet de bac ?"
Certains attaquent par une citation. Pourquoi pas ? Si elle ne remplace pas le sujet.
Aux élèves qui s’acharnent à écrire "depuis que l’homme est homme", "de nos jours" ou "depuis la nuit des temps" je
suggère de l’écrire, de rédiger l’intro avec cette formule, puis de l’effacer ensuite et de placer la majuscule d’accroche au premier mot qui suit. C’est toujours plus satisfaisant !
Je leur rédige ou je leur donne le plan détaillé de l’introduction de tous les devoirs. Je lis les bonnes introductions à la classe, pour qu’ils aient des exemples à se remémorer quand ils écrivent.
  La présentation sur ce site de Droit m’a beaucoup aidée à présenter aux élèves l’amorce.

Rechercher des arguments et des exemples
Établir une liste détaillée d’idées et d’exemples susceptibles d’éclairer les différents aspects mis en évidence lors de l’analyse du sujet (problématique). Attention, les exemples doivent justifier les idées et non le contraire !!!
Penser aux passages du livre dont le lien avec le sujet semble évident et noter quelques citations choisies parmi celles que vous avez mémorisées au cours de votre préparation. Mais attention à ne pas trop citer !!!

Élaborer un plan
Le plan est structuré autour de trois axes directeurs ou parties - éventuellement deux - qui permettent d’organiser la réflexion selon une logique démonstrative destinée à convaincre votre lecteur. Les axes du plan découlent de la problématique préalablement formulée en liaison avec le sujet : il n’existe donc pas de plan systématique, mais quelques démarches de base qu’il vous faudra adapter en fonction du sujet à traiter.
Plusieurs types de plans sont possibles.

  Le plan dialectique
En trois étapes : Thèse/Antithèse/Synthèse, plus rarement deux : Thèse/Antithèse. Il convient aux sujets qui invitent à discuter un point de vue. Toutefois, la synthèse, phase délicate de la démarche, ne se borne pas à un compromis entre la thèse et l’antithèse : elle vise à approfondir la réflexion, elle prend la forme d’une nouvelle thèse. Attention ce plan est dangereux car il peut conduire à des catastrophes, surtout quand l’élève se contredit d’une partie à l’autre !!
  Le plan thématique
Particulièrement adapté aux sujets qui invitent à aborder différents aspects d’une question, le plan thématique permet un approfondissement progressif, et ne doit pas être confondu avec un catalogue figé d’arguments. C’est le plan le plus courant en dissertation littéraire.
  Le plan analytique
Ce plan obéit à la progression suivante : Constat ou description d’une situation/Analyse des causes/Analyse des conséquences ou des solutions. Ce plan est très rare en dissertation littéraire. Il convient mieux aux sujets argumentatifs.

Construire un plan détaillé
  A partir de la liste d’idées et d’exemple faite auparavant au brouillon, il faut formuler les axes (qui constituent vos parties).
  Hiérarchiser, classer les axes directeurs qui correspondent à l’architecture, « la base » de la dissertation pour chercher ensuite les sous parties.
  Chaque partie comporte plusieurs sous parties - au moins trois - qui seront présentées sous forme de paragraphes dans le devoir rédigé : chaque sous partie développe une idée principale et des références ou exemples.
  Bien penser à classer ces éléments afin de bâtir un raisonnement progressif : les idées les plus complexes prendront place à la fin de chaque partie.
  Relier les sous parties par des articulations logiques et rédiger des transitions entre les parties.

Rédiger
  A partir du plan détaillé, développer en rédigeant. Il faut séparer l’introduction, la conclusion et les parties en laissant une ou deux lignes blanches. Les sous parties ne nécessitent qu’un retour à la ligne (paragraphes) sans sauter de ligne.


Ce document correspond à la synthèse de contributions de collègues professeurs de lettres échangées sur la liste de discussion Profs-L ou en privé, suite à une demande initiale postée sur cette même liste. Cette compilation a été réalisée par la personne dont le nom figure dans ce document. Ce texte est protégé par la législation en vigueur. Fourni à titre d’information seulement et pour l’usage personnel du visiteur, il est protégé par les droits d’auteur en vigueur. Toute rediffusion à des fins commerciales ou non est interdite sans autorisation.

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