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Tite Live, Livre XXX : Aide à la lecture du § 17 (texte + grammaire)


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Multis ante diebus Laelius cum Syphace primoribusque Numidarum captiuis Romam uenit
          quaeque in Africa gesta essent
omnia ordine exposuit patribus
          ingenti hominum et in praesens laetitia et in futurum spe.

- quaeque = et + le pronom interrogatif quis au nominatif neutre pluriel.
- ingenti... spe : ablatif absolu à valeur consécutive.

consulti inde patres
          regem in custodiam Albam mittendum [esse]
censuerunt,
          Laelium retinendum [esse]
                    donec legati Carthaginienses uenirent.

donec, "jusqu'à ce que", a dans la langue classique une valeur terminative, qui fait qu'il est employé surtout avec l'indicatif. Dans la langue impériale, chez Tacite comme chez Tite-Live, il est employé au sens de dum et le plus souvent avec le subjonctif (ET p. 372).

supplicatio in quadriduum decreta est.
P. Aelius praetor
          senatu misso
          et contione inde aduocata
cum C. Laelio in rostra escendit.
ibi uero audientes
          fusos [esse] Carthaginiensium exercitus,
          deuictum et captum [esse] ingentis nominis regem,
          Numidiam omnem egregia uictoria peragratam [esse],
tacitum continere gaudium non poterant
          quin clamoribus
                    quibusque aliis multitudo solet
          laetitiam immodicam significarent.

- Le participe présent audientes est ici employé substantivement : il est le sujet de poterant. Cela ne l'empêche pas de se construire avec une proposition infinitive.
- tacitum : adjectif attribut du COD : garder leur joie silencieuse
- quibusque aliis = et aliis rebus quibus

itaque praetor extemplo edixit
          uti aeditui aedes sacras omnes tota urbe aperirent,
              circumeundi
              salutandique deos
              agendique grates
          per totum diem populo potestas fieret.

- Noter la répétition de omnes...tota...totum : tous les temples, toute la ville, tout le jour : insistance sur le caractère exceptionnel de cette liberté donnée pour un jour. La répétition de -que pour coordonner les trois gérondifs tend à montrer que les rites ainsi offerts répondent à la laetitia immodica du peuple.

Postero die legatos Masinissae in senatum introduxit.
gratulati primum senatui sunt
          quod P. Scipio prospere res in Africa gessisset;
deinde gratias egerunt
          quod Masinissam non appellasset modo regem sed fecisset
              restituendo in paternum regnum,
                        in quo post Syphacem sublatum
                                  si ita patribus uisum esset
                        sine metu et certamine esset regnaturus,
dein conlaudatum [est] pro contione
          [quod] amplissimis decorasset donis,
                    quibus
                            ne indignus esset
                    et dedisse operam Masinissam
                    et porro daturum esse.

- uisum esset (mot à mot : "si telle avait été la décision") ne se réfère pas au passé mais marque une antériorité par rapport à esset regnaturus.
- quod...quod...dein : trois remerciements qui forment gradation du point de vue des Numides (victoire, couronnement, cadeau).
- Le pronom relatif quibus est complément à l'ablatif de l'adjectif indignus qui se trouve dans une subordonnée enchâssée dans la relative :
Cette relative a ses verbes à l'infinitif, ce qui peut se produire dans le discours indirect, où il peut arriver que les subordonnées aient une certaine autonomie syntaxique (cf. ET p 426). La solution alternative, qui consisterait à faire de quibus un relatif de liaison, résoudrait le problème. Seuls Rieman et Homolle (Hachette) adoptent une ponctuation qui permet cette solution en mettant ":" après donis et une virgule entre daturum esse et petere.

          petere
                    ut regium nomen ceteraque Scipionis beneficia et munera senatus decreto confirmaret;
et,
                    nisi molestum esset,
          illud quoque petere Masinissam,
                    ut Numidas captiuos
                              qui Romae in custodia essent
                    remitterent;
          id sibi amplum apud populares futurum esse.

nisi est rare par rapport à si...non chez Tite-Live cf. chap. XV
ET p. 384 note que pour cette expression, on trouve les deux formules (nisi/si non molestum est) chez Plaute comme chez Cicéron.

ad ea responsum [est] legatis
          rerum gestarum prospere in Africa communem sibi cum rege gratulationem esse;
          Scipionem recte atque ordine uideri fecisse
                    quod eum regem appellauerit,
          et
                    quicquid aliud fecerit
                              quod cordi foret Masinissae
          id patres comprobare ac laudare.

- communem sibi cum rege gratulationem : les sénateurs retournent le compliment ("gratulati primum senatui sunt") en disant que les félicitations étaient litt. "communes pour eux avec le roi", càd valaient aussi bien pour le roi que pour eux-mêmes.
- esse cordi Masinissae : double datif , comme dans esse auxilio, praesidio, curae dolori, exitio, gaudio, uoluptati, où le datif de l'objet était appelé par les anciens grammairiens datiuus finalis.
- foret, doublet archaïque de esset "se rencontre surtout dans les propositions orientées vers l'avenir, dans les conditionnelles, les finales ou comme futur du passé dans le discours indirect " (ET p. 246). Nous avons essayé de traduire cela par "pouvait tenir à cœur".

munera quoque
          quae legati ferrent regi
decreuerunt,
    sagula purpurea duo cum fibulis aureis singulis et lato clauo tunicis,
    equos duo phaleratos,
    bina equestria arma cum loricis,
    et tabernacula militaremque supellectilem
              qualem praeberi consuli mos esset.

- quae ferrent me semble être une interrogative indirecte et non une relative.
Je vois mal sans cela comment expliquer le subjonctif. "munera" est, ce qui est, on l'a vu, commun chez Tite-Live, en position proleptique.
- singuli, bini : adjectifs numéraux distributifs : un par un, deux par deux.
singuli a effectivement ce sens : une fibule et une tunique pour chaque sayon.
En revanche, bini désigne ici un ensemble de deux objets. Riemann (éd. Hachette) propose de sous-entendre singulis après loricis : une cuirasse par équipement. Est-ce vraiment nécessaire ?
- qualem (supellectilem) : est sujet de praeberi.

          haec regi
praetor
          mittere
iussus [est] :
          legatis in singulos dona ne minus quinum milium,
          comitibus eorum singulorum milium aeris,
          et uestimenta bina legatis,
          singula comitibus Numidisque,
                    qui ex custodia emissi redderentur regi;
ad hoc aedes liberae loca lautia legatis decreta [sunt].

- iubere aliquem aliquid facere : le passif le plus courant est en latin le passif de la personne qui reçoit l'ordre, et non comme en français de la chose ordonnée.
- Riemann (Hachette) explique que la négation ne, qui appartient au discours direct ("que les cadeaux ne soient pas moins que") est conservée au discours indirect.
- pour lautia, on peut hésiter entre un sens concret (les commodités, le nécessaire de toilette, en rapport avec lauare, d'après Riemann) et un sens plus général (présents rituels d'hospitalité), qui est celui que choisissent Ernout et Meillet (Dict. Etym), qui doutent de l'étymologie de ce mot, qui se présente aussi sous la forme dautia. Nous avons choisi aussi ce deuxième sens, et considéré 'loca lautia', qui forme souvent lexie, comme un attribut.


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