Groupe de travail : BTS

Ecriture personnelle : le corps


Par deneubourg Jérôme | Mis en ligne le 07-12-2017

« Le corps peut-il être notre allié pour trouver la paix intérieure ? »

Ont été utilisés pour cette écriture personnelle les textes extraits de l'anthologie, édition Flammarion.

Souvent l'esprit est évoqué dans la quête de la paix intérieure. Le corps au contraire est dénigré : source de douleurs ou de sensations fortes, les philosophes ont souvent eu l'idée de le rejeter comme un péril. Nous nous poserons donc la question : « Le corps peut-il être notre allié pour trouver la paix intérieure ? » Disons-le d'emblée, je pense que le corps est notre allié dans cette quête, encore faut-il savoir « être son corps », en harmonie. Je pense en effet qu'en usant habilement de son corps, artificiellement d'une certaine manière, on peut retrouver un corps, source de paix, de joie, un corps naturel.



Certes, du corps viennent les premières douleurs. L'esprit est souvent considéré comme le médecin qui vient sans cesse panser les plaies du corps. Ainsi, l'enfant qui souffre de faim ou de ses dents sans pouvoir transformer en mots ses maux. Alors on dira que le corps est le coupable, tandis que l'esprit sera le remède, chez l'enfant encore inopérant. De même, à l'adolescence, lorsque le corps mue si vite, et de façon si désordonnée, l'esprit souffre. Enfin, en vieillissant, la volonté est souvent encore verte, pleine d'énergie, tandis que le corps parfois nous abandonne. Il semble donc en ce premier sens que le corps est bien plutôt notre ennemi dans la recherche de la paix intérieure.

En outre, les philosophes ont souvent considéré le corps comme un danger. Michel Serres, le note dans Variations sur le corps , le corps ce serait l'apparence, contre la vérité ; le corps ce serait le désir effréné de plaisir, contre la tempérance ; enfin, le corps ce serait la spontanéité contre la maîtrise de soi.

Mais le corps, s'il est orienté à bon escient, peut devenir un instrument dans notre recherche de la paix. D'abord, qu'entend-on par paix intérieure ? Il s'agit de supprimer l'écart entre l'état du monde et sa propre vision du monde. Est en paix celui qui ne vit pas dans le conflit, ici on parle de conflit psychique : lorsque la perception (le monde tel qu'il est) et la volonté (le monde tel que j'aimerais qu'il soit) entrent en concurrence, occasionnant de la douleur. Ainsi, parvenir à cette paix c'est ne plus souffrir de cet écart. Or, à cette fin, deux moyens sont à notre disposition. D'abord, changer nos désirs, plutôt que l'ordre du monde, comme le dit Descartes dans le Discours de la méthode – ensuite, à l'inverse, s'atteler à le changer. Soit deux postures opposées : une vision passive et une vision active. Comment le changer ? Michel Serres l'évoque : le corps doit être magnifié, son habileté, sa capacité à s'adapter, les forces qu'il recèle sont notre allié. Maints exemples le prouvent : l'homme peut se dépasser. Dès lors, dénigrer son corps, ce serait comme refuser à l'action sa légitimité. La paix intérieure passe donc par l'action, le dépassement de soi, et dans cette optique le corps a toute sa place : c'est l'organe de notre paix, non plus un obstacle.

De plus, l'esprit peut faire preuve de ruse vis-à-vis du corps. Car si le corps peut engranger des inhibitions, des refoulements préjudiciables à l'action, une fois la prise de conscience opérée, le corps ne doit pas être laissé de côté. Il est l'allié, et même le terrain, sur lequel le travail de reconstruction doit être fait. Ainsi, Freud et Breuer laissent-ils entendre dans Études sur l'hystérie, que c'est le corps qui est à l'origine de cette sorte particulière d'aboulie (atténuation de la volonté) qu'est l'anorexie. L'anorexie vient d'une association, devenue habitude, entre l'acte de manger et le dégoût. En effet, dans le cas de la patiente étudiée, la peur de la punition puis la volonté de ne pas blesser ses proches provoquent chez elle une sorte de mémoire corporelle, laquelle est refoulée. Alors l'aliment devient repoussant. Mais les deux psychanalystes suggèrent donc que si la prise de conscience (par l'esprit donc) est indispensable, le corps, source du mal, est aussi le remède. Comprendre la source ne suffit, encore faut-il réhabituer le corps, dans l'action, à prendre du plaisir à la nourriture. Le corps est notre allié, pourvu qu'on accepte de s'allier à lui, pourvu qu'il ne soit plus vécu comme un ennemi, mais comme un disciple à réparer, à corriger, à bonifier. Le corps devenu auparavant, dans la maladie, d'une certaine manière artificiel, parce que autre nous, redevient alors naturel.

Enfin, on le sait, le corps se construit, se renforce : il n'est pas inerte. La distinction entre corps naturel et corps artificiel vole en éclat quand on comprend que la nature peut être soumise à notre pouvoir d'agir. Je peux changer le cours des choses, mais surtout changer mon propre corps. La paix intérieure dépend en effet aussi de nos hormones ! C'est la leçon que l'on peut tirer de l'article de Delphine Chayet « Quand le sport dope le mental ». La journaliste explique en effet que le développement cérébral de l'enfant est accentué par la pratique du sport, de même que, par la même pratique, réduit le déclin cognitif à partir d'un certain âge. Une demi-heure de sport par semaine est déjà suffisante pour améliorer sa confiance en soi et sa capacité à maîtriser ses émotions, affirme-t-elle en outre. Tandis que l'adrénaline, l’hormone du stress, est alors réduite, l'endorphine, l’hormone du bien-être, est produite. Par conséquent, je pense que le corps n'est pas un simple allié, il est surtout un partenaire, à la fois autre et nous-même, un partenaire qu'il ne faut pas oublier d'entraîner, maîtriser, choyer : ou quand l'artificiel devient naturel.



Pour finir, j'ai expliqué que le corps, comme limite entre l'intérieur et l'extérieur, est souvent vu comme source de souffrance. Et il est vrai que laissé à l'abandon, il est rapidement le lieu de notre calvaire. La faim, la soif et le froid sont là pour nous le rappeler. En outre, il dispense des émotions, parfois négatives, et c'est aussi une cause de conflit intérieur. Mais je l'ai expliqué aussi : ce n'est pas en prenant notre corps comme un ennemi qu'on arrivera à l'amadouer. Le corps s'infléchit, se courbe, puis se tord dans le sens désiré. Car, puisque le corps est le lieu du conflit, on ne peut concevoir nulle part ailleurs (s'efforçant alors de mettre corps et esprit en harmonie) d'espace comme lieu de paix.




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