Un poème en prose, d’Adèle Brard également. La barre est haute cette année...
Le chat sur la colline
Il y avait beaucoup de chats au village. Il y en avait beaucoup, mais il y avait aussi LE chat.
Le chat sur la colline.
Il n’était à personne et personne n’en voulait.
Il était banal. Gris, le poil terne, un museau tout rose...
C’était le chat sur la colline.
"Sur la colline" était sa particule, pareille à celle d’un noble telle que "Jean de la Roche-qui-Brille". Et bien lui, c’était "Sur la colline". Personne ne l’avait nommé ainsi mais c’était ainsi qu’il se nommait.
Le chat sur la colline.
Le vieux matou passait ses journées à dormir sur une caisse. Une vieille caisse. Une caisse en bois.
Il lui ressemblait beaucoup, à la caisse.
Quand le soleil était au zénith, il se dirigeait paresseusement chez le poissonnier. Ce dernier lui jetait des têtes de sardines et le chat sur la colline repartait cahin caha.
On ne dit pas le chat sur la colline comme on dirait le chat EST sur la colline. "Sur la colline" est la particularité du chat sur la colline, pas l’endroit où il se trouve.
D’ailleurs, il n’y a pas de colline au village et le chat est sur sa caisse.
On aurait tout aussi bien pu l’appeler le chat sur la caisse.